p84 - onychopathie associée au sirolimus

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9S121 Ann Dermatol Venereol 2005;132:9S71-9S279 JDP 2005 – Posters Posters Onychopathie associée au sirolimus MAHE E (1), MORELON E (2), LECHATON S (2), KREIS H (2), DE PROST Y (3), BODEMER C (3) (1) Dermatologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard. (2) Transplantation. (3) Dermatologie, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris, France. Introduction : De nombreux médicaments sont incriminés dans la survenue d’altérations unguéales. Rares sont cependant les traite- ments associés presque systématiquement à des altérations unguéa- les [1]. Ce travail étudie les altérations associées au sirolimus (Rapamune ® ) au sein d’un groupe de patients transplantés rénaux. Le sirolimus est un immunosuppresseur de la famille des rapamycines récemment développé en prévention du rejet de greffe d’organes. Matériel et méthodes : Les ongles de 80 patients consécutifs greffés rénaux sous sirolimus ont été évalués selon un protocole systémati- sé. Il s’agissait majoritairement d’hommes (60 %), d’âge moyen 48 ans et greffés rénaux en moyenne depuis 6 ans. Le sirolimus était donné en moyenne depuis 18 mois chez 86 % des patients et asso- ciés à du mycophénolate mofétil (Cellcept ® ) et des corticoïdes chez 86 %. Résultats : Cinquante-sept patients (74 %) présentaient des altéra- tions unguéales dominées par une atteinte matricielle chez 88 % d’entre eux (ongles fragiles, 76 % ; onychomalacie, 19 % ; pousse lente, 14 % ; onychorrhexie, 44 % ; et leuconychies transver- ses, 19 %). Des atteintes du lit de l’ongle (onycholyse, 42 %), des phé- nomènes vasculaires (érythème, 39 % ; hémorragies en flammèche, 17 %), et des atteintes péri-unguéales (granulome pyogénique essen- tiellement, 10 %) étaient rapportées chez, respectivement 42, 42 et 19 % des cas. Toutes ces anomalies sont apparues après l’introduc- tion du sirolimus. Chez 2 patientes chez qui ce traitement a été stop- pé, les anomalies ont régressé en 3 mois. Une onycholyse aiguë de des ongles de tous doigts compatible avec une photo-onycholyse de type 1 a été observée chez un patient [2]. Discussion : Ce travail met en évidence des altérations unguéales monomorphes dominées par une atteinte matricielle dans un grou- pe homogène de patients greffés rénaux recevant tous du sirolimus. L’imputabilité de ce traitement est considérée comme importante du fait du lien chronologique entre la survenue des altérations unguéa- les et l’introduction du sirolimus. La normalisation de l’aspect de l’ongle après arrêt du traitement consolide ce lien. Conclusion : Le sirolimus est un inducteur presque obligatoire d’onychopathies. L’hypothèse physiopathologique la plus séduisante fait intervenir une inhibition de l’EGF par le sirolimus. Références 1. Piraccini BM, Iorizzo M, Antonucci A, Tosti A. Drug-induced nail abnor- malities. Expert Opin Drug Saf 2004;3:57. 2. Baran R, Juhlin L. Drug-induced photo-onycholysis. Three subtypes identified in a study of 15 cases. J Am Acad Dermatol 1987;17:1012-6. Verrues planes profuses sur des plaques de dermatite atopique traitées par tacrolimus pommade MAHÉ E (1), HADJ-RABIA S (2), DE PROST Y (2) (1) Dermatologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard. (2) Dermatologie, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris, France. Introduction : Le tacrolimus pommade (Protopic ® ) est un immuno- suppresseur de la famille des inhibiteurs des calcineurines utilisé dans la dermatite atopique résistante aux dermocorticoïdes. Ses ef- fets secondaires sont dominés par un prurit ou des picotements sur les zones d’application du produit. Le risque d’infections n’est pas considéré comme supérieur aux groupes témoins dans différentes études. Il est cependant discuté un risque accru de formes sévères d’herpes cutané voire la survenue de syndromes de Kaposi-Julius- berg sous ce traitement. Récemment, plusieurs observations ont dé- crit des infections à poxvirus (molluscum contagiosum) favorisées par ce traitement. Nous rapportons une observation de verrues pla- nes profuses survenant chez un enfant traité par tacrolimus. Observations : Un garçon de 4 ans se présentait en consultation pour la prise en charge d’une dermatite atopique rebelle aux traite- ments par dermocorticoïdes de classe 3. L’enfant ne présentait pas d’autres antécédents. L’examen révélait des plaques d’eczéma très in- flammatoires localisées au cou, à la région périnéale, au pli des cou- des et aux creux poplités. Le reste de l’examen dermatologique était sans particularité, notamment il n’était pas noté de verrues. La rela- tive inefficacité des dermocorticoïdes incitait à débuter un traitement par tacrolimus pommade à 0,03 %, 2 fois par jour, sur toutes les zo- nes atteintes. Après une efficacité les premiers jours, la maman constatait une modification des lésions 10 jours après le début de l’application du produit. Si l’inflammation avait régressé, des papu- les rosées se développaient sur toutes les plaques traitées. Le traite- ment était poursuivi à raison d’une application quotidienne jusqu’à la consultation suivante, 2 mois après. L’examen révélait alors de multiples verrues planes circonscrites aux zones d’eczéma. Le traite- ment était alors arrêté avec poursuite d’un simple émollient. Trois mois après l’arrêt du tacrolimus les verrues avaient totalement ré- gressé. Discussion : La survenue d’infections à papillomavirus localisées aux zones traitées par du tacrolimus pommade n’a, à notre connais- sance, jamais été rapportée. Dans cette observation, l’imputabilité in- trinsèque de ce traitement dans la survenue de cette infection est important : il est reconnu chez les patients transplantés d’organe re- cevant ce traitement par voie générale que le tacrolimus favorise la survenue d’infections à papillomavirus ; chez notre patient, ces ver- rues se sont développées après l’introduction du traitement et ont ré- gressé au décours ; enfin, les verrues ne se sont développées que sur les zones traitées alors que l’examen ne révélait aucune lésion aupa- ravant. Conclusion : Cette observation illustre la possibilité de survenue d’infections à papillomavirus sur les zones traitées par du tacrolimus pommade chez les enfants atteints de dermatite atopique. P84 Mots-clés : Onychopathie (sirolimus). Sirolimus (onychopathie). P85 Mots-clés : Verrue (tacrolimus). Tacrolimus (verrue).

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Page 1: P84 - Onychopathie associée au sirolimus

9S121

Ann Dermatol Venereol2005;132:9S71-9S279

JDP 2005 – Posters

Pos

ters

Onychopathie associée au sirolimus

MAHE E (1), MORELON E (2), LECHATON S (2), KREIS H (2), DE PROST Y (3), BODEMER C (3)

(1) Dermatologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard. (2) Transplantation. (3) Dermatologie, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris, France.

Introduction : De nombreux médicaments sont incriminés dans lasurvenue d’altérations unguéales. Rares sont cependant les traite-ments associés presque systématiquement à des altérations unguéa-les [1]. Ce travail étudie les altérations associées au sirolimus(Rapamune®) au sein d’un groupe de patients transplantés rénaux. Lesirolimus est un immunosuppresseur de la famille des rapamycinesrécemment développé en prévention du rejet de greffe d’organes.

Matériel et méthodes : Les ongles de 80 patients consécutifs greffésrénaux sous sirolimus ont été évalués selon un protocole systémati-sé. Il s’agissait majoritairement d’hommes (60 %), d’âge moyen48 ans et greffés rénaux en moyenne depuis 6 ans. Le sirolimus étaitdonné en moyenne depuis 18 mois chez 86 % des patients et asso-ciés à du mycophénolate mofétil (Cellcept®) et des corticoïdes chez86 %.

Résultats : Cinquante-sept patients (74 %) présentaient des altéra-tions unguéales dominées par une atteinte matricielle chez88 % d’entre eux (ongles fragiles, 76 % ; onychomalacie, 19 % ;pousse lente, 14 % ; onychorrhexie, 44 % ; et leuconychies transver-ses, 19 %). Des atteintes du lit de l’ongle (onycholyse, 42 %), des phé-nomènes vasculaires (érythème, 39 % ; hémorragies en flammèche,17 %), et des atteintes péri-unguéales (granulome pyogénique essen-tiellement, 10 %) étaient rapportées chez, respectivement 42, 42 et19 % des cas. Toutes ces anomalies sont apparues après l’introduc-

tion du sirolimus. Chez 2 patientes chez qui ce traitement a été stop-pé, les anomalies ont régressé en 3 mois. Une onycholyse aiguë dedes ongles de tous doigts compatible avec une photo-onycholyse detype 1 a été observée chez un patient [2].

Discussion : Ce travail met en évidence des altérations unguéalesmonomorphes dominées par une atteinte matricielle dans un grou-pe homogène de patients greffés rénaux recevant tous du sirolimus.L’imputabilité de ce traitement est considérée comme importante dufait du lien chronologique entre la survenue des altérations unguéa-les et l’introduction du sirolimus. La normalisation de l’aspect del’ongle après arrêt du traitement consolide ce lien.

Conclusion : Le sirolimus est un inducteur presque obligatoired’onychopathies. L’hypothèse physiopathologique la plus séduisantefait intervenir une inhibition de l’EGF par le sirolimus.

Références

1. Piraccini BM, Iorizzo M, Antonucci A, Tosti A. Drug-induced nail abnor-malities. Expert Opin Drug Saf 2004;3:57.

2. Baran R, Juhlin L. Drug-induced photo-onycholysis. Three subtypesidentified in a study of 15 cases. J Am Acad Dermatol 1987;17:1012-6.

Verrues planes profuses sur des plaques de dermatite atopique traitées par tacrolimus pommade

MAHÉ E (1), HADJ-RABIA S (2), DE PROST Y (2)

(1) Dermatologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard. (2) Dermatologie, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris, France.

Introduction : Le tacrolimus pommade (Protopic®) est un immuno-suppresseur de la famille des inhibiteurs des calcineurines utilisédans la dermatite atopique résistante aux dermocorticoïdes. Ses ef-fets secondaires sont dominés par un prurit ou des picotements surles zones d’application du produit. Le risque d’infections n’est pasconsidéré comme supérieur aux groupes témoins dans différentesétudes. Il est cependant discuté un risque accru de formes sévèresd’herpes cutané voire la survenue de syndromes de Kaposi-Julius-berg sous ce traitement. Récemment, plusieurs observations ont dé-crit des infections à poxvirus (molluscum contagiosum) favoriséespar ce traitement. Nous rapportons une observation de verrues pla-nes profuses survenant chez un enfant traité par tacrolimus.

Observations : Un garçon de 4 ans se présentait en consultationpour la prise en charge d’une dermatite atopique rebelle aux traite-ments par dermocorticoïdes de classe 3. L’enfant ne présentait pasd’autres antécédents. L’examen révélait des plaques d’eczéma très in-flammatoires localisées au cou, à la région périnéale, au pli des cou-des et aux creux poplités. Le reste de l’examen dermatologique étaitsans particularité, notamment il n’était pas noté de verrues. La rela-tive inefficacité des dermocorticoïdes incitait à débuter un traitementpar tacrolimus pommade à 0,03 %, 2 fois par jour, sur toutes les zo-nes atteintes. Après une efficacité les premiers jours, la mamanconstatait une modification des lésions 10 jours après le début del’application du produit. Si l’inflammation avait régressé, des papu-

les rosées se développaient sur toutes les plaques traitées. Le traite-ment était poursuivi à raison d’une application quotidienne jusqu’àla consultation suivante, 2 mois après. L’examen révélait alors demultiples verrues planes circonscrites aux zones d’eczéma. Le traite-ment était alors arrêté avec poursuite d’un simple émollient. Troismois après l’arrêt du tacrolimus les verrues avaient totalement ré-gressé.

Discussion : La survenue d’infections à papillomavirus localiséesaux zones traitées par du tacrolimus pommade n’a, à notre connais-sance, jamais été rapportée. Dans cette observation, l’imputabilité in-trinsèque de ce traitement dans la survenue de cette infection estimportant : il est reconnu chez les patients transplantés d’organe re-cevant ce traitement par voie générale que le tacrolimus favorise lasurvenue d’infections à papillomavirus ; chez notre patient, ces ver-rues se sont développées après l’introduction du traitement et ont ré-gressé au décours ; enfin, les verrues ne se sont développées que surles zones traitées alors que l’examen ne révélait aucune lésion aupa-ravant.

Conclusion : Cette observation illustre la possibilité de survenued’infections à papillomavirus sur les zones traitées par du tacrolimuspommade chez les enfants atteints de dermatite atopique.

P84

Mots-clés : Onychopathie (sirolimus). Sirolimus (onychopathie).

P85

Mots-clés : Verrue (tacrolimus). Tacrolimus (verrue).