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Comment s’aventurer sur les valeurs technologiques en Bourse Pas facile de naviguer entre jackpots spectaculaires et échecs cuisants ARGENT | PAGE 11 Le Concorde, ou l’échec d’un projet industriel européen L’accord franco-britannique de 1962 axé sur la technologie oubliait le marcHISTOIRE | PAGE 16 Le chômage, enjeu politique pour cinq ans Par Philippe Askenazy CHRONIQUE | PAGE2 MANAGEMENT Parler anglais au travail, c’est l’angoisse Devoir s’exprimer en anglais lors d’une réunion est de plus en plus fréquent. Une étape souvent valo- risante, parfois humiliante, tou- jours stressante. Les entreprises développent de nouvelles straté- gies pour former et accompagner leurs salariés. PAGE 10 INNOVATION Petits conseils pour jeunes entrepreneurs Le Medef se met au « barcamp », une réunion d’échanges d’expé- riences et de tuyaux entre jeunes entrepreneurs. Ils étaient 300 un jeudi soir de mai au siège de l’orga- nisation patronale. Leur préoccu- pation première ? Trouver des capitaux. PAGE6 RETROUVEZ CHAQUE SEMAINE LES OFFRES D’EMPLOIS PAGES 13 À 15 Prix 2012 du meilleur jeune économiste Hippolyte d’Albis, 38 ans, est lauréat de la treizième édition du prix créé par « Le Monde » et le Cercle des économistes, avec le Sénat. Ses travaux sur la démographie, étudiée par génération, modifient la compréhension des comportements économiques PAGES4-5 L’indignation d’un gourou du management Henry Mintzberg, prolifique auteur de best-sellers de gestion, dénonce le pouvoir des firmes géantes et prône l’avènement d’un nouveau type d’entreprises, issues du mouvement social. PAGE 3 MANUEL LAGOS CID POUR « LE MONDE » Cahier du « Monde » N˚ 20943 daté Mardi 22 mai 2012 - Ne peut être vendu séparément

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Comment s’aventurer sur lesvaleurs technologiques enBoursePas facile denaviguer entre jackpotsspectaculaires et échecs cuisantsARGENT | PAGE 11

LeConcorde, ou l’échecd’un projet industriel européenL’accord franco-britannique de 1962axésur la technologie oubliait lemarchéHISTOIRE | PAGE 16

Lechômage,enjeupolitiquepourcinqansParPhilippeAskenazyCHRONIQUE | PAGE 2

MANAGEMENT

Parleranglaisau travail,c’est l’angoisseDevoir s’exprimer enanglais lorsd’une réunionestdeplusenplusfréquent.Uneétape souventvalo-risante, parfoishumiliante, tou-jours stressante. Les entreprisesdéveloppentdenouvelles straté-giespour formeret accompagnerleurs salariés. PAGE 10

INNOVATION

Petitsconseilspour jeunesentrepreneursLeMedef semetau«barcamp»,uneréuniond’échangesd’expé-riencesetde tuyauxentre jeunesentrepreneurs. Ils étaient 300unjeudi soirdemaiausiègede l’orga-nisationpatronale. Leurpréoccu-pationpremière?Trouverdescapitaux. PAGE 6

RETROUVEZ

CHAQUE

SEMAINE

LES OFFRES

D’EMPLOIS

PAGES 13 À 15

Prix2012dumeilleurjeuneéconomisteHippolyted’Albis,38ans,est lauréatdelatreizièmeéditionduprixcréépar«LeMonde»et leCercledeséconomistes,avecleSénat.

Sestravauxsurladémographie,étudiéepargénération,modifientlacompréhensiondescomportementséconomiquesPAGES 4-5

L’indignationd’un gourou dumanagementHenryMintzberg, prolifiqueauteur de best-sellers degestion, dénonce le pouvoirdes firmes géantes et prônel’avènement d’un nouveautype d’entreprises, issues dumouvement social. PAGE 3

MANUEL LAGOS CID POUR «LE MONDE»

Cahier du «Monde »N˚ 20943 datéMardi 22mai 2012 - Nepeut être vendu séparément

Page 2: 3D%= :G0: *@ !)%)@D $)@I) J+HIH!%CA) Mintzberg contre l... · .fPb]

2 0123Mardi 22mai 2012

Cen’est pas un scoop sur le résultat de l’audit dubudget français commandéparle gouvernementde Jean-MarcAyrault,mais le constat fait par JerryBrown, legouverneurdeCalifornie, dansunmessage à ses administrésposté sur YouTube.Il s’agit, endollars, dudéficit budgétairedu«GoldenState»pour 2012, quasi dou-blé par rapport auxprévisionseffectuées en janvier, en raisonde la crise économi-que. Les recettes fiscales de l’Etat le plus richede la fédérationontdiminuéde26%. JerryBrownse représentera ennovembre2012 enprônantunehaussede laTVAd’unquart de point pendantquatre ans, et unehaussede l’impôt sur les reve-nus supérieurs à 250000dollars par an.Mais il lui faudra pour cela obtenir lesdeux tiers des voix auCongrès de Sacramento, capitale de l’Etat.

FrançoisHollandeva-t-il connaître enpolitique intérieure lemêmesort queFrançoisMitterrandaudébutde sonpremierseptennat? Lequinquennatdu

coupleSarkozy-Fillon laisseune situation surlemarchéde l’emploi tout aussidégradéequecellehéritéedu coupleperdantGiscard-Barreen 1981.Dans lesdeuxcas, lahaussedu chôma-gea certes étémoinsmarquéequedansbeau-coupd’autrespays après, respectivement, lesecondchocpétrolier et la grande récessionde2009.Mais cettemodérationest en trompel’œil. Pardesprogrammespublics commeleplan«acier»ou sonpositionnementcommeactionnairede grandesentreprises, le gouver-nementBarre avait retardé lanécessaire transi-tiondes industriesmanufacturièreet financiè-re françaises, et ainsimaintenuartificielle-mentnombred’emplois.Ce fut auxgouverne-mentsdeFrançoisMitterrandd’assumer–mal-gré soncoût social –unemodernisationdel’outil productif français,dont ladroite récolte-ra, sous le secondgouvernementChirac, lesfruits enprivatisantplusieurs joyaux.Aujour-d’hui, ce sont les patronsdes réseauxamisduprésident sortant – commel’adénoncé leprési-dentalors candidat –quiont reportémoultlicenciementspour l’après-élection.

Toutefois, la périodequi s’ouvreest différen-te. Pour l’essentiel, ces suppressionsd’emploisvont obéir à une logique financièremettantimmédiatementà l’épreuve le nouveaupou-voir; ce dernier risqued’apparaître rapide-ment impuissant, renvoyant à l’imagedugou-vernement Jospindudébut de 2002.

Surtout, il ne s’agit làquede lapartie laplusvisiblede l’iceberghéritéduquinquennatpré-cédent. Lephénomèneleplus spectaculairedescinqdernières annéesest lamontéede l’emploiindépendant (onneparlepas ici des salariésquicumulent leuractivitéavecunpetitboulot,maisdes travailleursdont l’activitéprincipaleestnonsalariée): prèsde 12%.Cettemontéeexpliqueàelle seuleunebonnepartiedu relati-vementbonrésultatde la Francesur le frontdel’emploi. Les indépendantsontpourtantétébalayésdansdenombreuxpayseuropéenspar

la crise,notammentdans l’entrepreneuse Italieoù les casdesuicides semultiplient.

Mais cesnouveauxindépendants françaissont toutaussi fragiles.Deuxmécaniquesontprévalu: l’autoentrepreneuriatet leplacementdechômeurs;par exemple, les sociétésdeplace-ment touchent laprimeoffertepar le servicepublicde l’emploidèsqu’elles convainquentun licenciééconomiqued’investir sonpéculedans la créationdesonentreprise.Au total, cesontdes centainesdemilliersdepersonnescondamnéespar étranglementauchômagedans les trimestresàvenir – sauf croissancemiraculeuse.Le report accélérédesâgesde liqui-dationdespensionsde retraite risqued’engen-

drerdes cortèges supplémentairesdechô-meursdansuncontextedepénuried’emplois;déjà, le tauxd’emploides 55-59ansa fortementcrûdepuis ledébutde la crise, participantà l’as-phyxiedumarchéde l’emploides jeunes, aucôtédunon-remplacementdes fonctionnaires.

Pire, RaymondBarre avait laisséuneFrancesansdéficitpublic, ce qui avait permis à Fran-çoisMitterranddemener sapolitique socialesans jamais enfreindre les critèresdeMaas-tricht (quin’existaientpourtantpasalors!).Aujourd’hui, àundéficit creusépar lescadeauxduquinquennatpassé s’ajoutent desbombesbudgétaires: élagagede l’ISF, retourdes créancesdu crédit impôt-recherche, faillitedenombreusesuniversités et d’hôpitaux, etc.Unehaussedu smic plomberaitmécanique-ment le budgetde l’Etat: si elle n’estpas remi-se en cause, la facturedes exonérationsde coti-sations sociales employeursqui s’étendent jus-qu’à 1,6 smic s’alourdiraauprofit, notamment,d’entreprisesoù les salaires sont aujourd’huisupérieursà 2200eurosbrut. L’inactionestdonc impossible; reprendre les cadeaux, et fai-re desmécontents, sera inévitable.

Sansmême évoquer la gestiond’une Euro-pe gelée par la conservatriceAngelaMerkel,les obstacles économiques sont ainsi immen-ses. La responsabilité politique de FrançoisHollande, et plus généralement de la gauchefrançaise, est pourtant encore plus écrasante.La stratégie électorale deNicolas Sarkozy por-te, en effet, les germes de l’affaiblissementélectoral de la droite classique. Les nouveauxentrepreneursprécaires – ces «vrais tra-vailleurs» dont l’absence de protection estainsimagnifiée –, outils supplémentaires dela broyeuse du capitalisme financier, ne peu-vent que tomber dans les bras deMarineLe Pen. En obligeant les seniors à repousserleur départ à la retraite, la droite classique, siforte chez les retraités, s’éloigne d’un électo-rat précieux qui rejoindra les cohortes des vic-times de discriminations sur lemarché del’emploi et de conditions de travail souventnon soutenables. FrançoisHollande, Jean-MarcAyrault et la nouvellemajorité sontcondamnés à la réussite pour éviter à la Fran-ce et à l’Europe l’arrivée au pouvoir d’uneextrêmedroite élargie en 2017.p

Cinqdécenniesd’épopéeP R O F I L | SergeKampfquittele24mai

laprésidencedeCapgemini,sociétéqu’ilafondéeen1967

l a c i t a t i o n

L ’ i n f o g r a p h i e

Lorsque le fondateur d’une entreprisedevenue un groupe mondial prend saretraite,onpeuts’attendreàdescélébra-tions publiques et à un certain déco-

rum. Chez Capgemini, il n’en sera rien… ou sipeu. «Serge Kampf est fidèle à lui-même, dis-cret, justifie un proche. Ce n’est pas un show-man.» Jeudi24mai, jourdel’assembléegénéra-leannuelledesactionnaires,cepionnierdesser-vices informatiquesva «remettre à dispositionduconseil d’administrationsonmandatdepré-sident», comme l’a annoncé le 5avril un com-muniquédeCapgemini.

Serge Kampf avait créé à Grenoble en octo-bre1967 la Sogeti (Société pour la gestion et letraitement de l’information). Quarante-cinqansplus tard, à l’âge de 77 ans, il laisse un grou-pe de plus de 120 000 salariés dans le monde,qui réalise près de 10milliards d’euros de chif-fre d’affaires et figure dans le club emblémati-quedes sociétés duCAC40. Il aura été au coursde ces cinq décennies l’icône d’une générationd’entrepreneurs à la fois ouverts sur l’interna-tional et très attachés à la culture française.

Les sociétés de services et d’ingénierie infor-matique (SSII) qui ont fleuri dans la France desannées1970et 1980 (lesSteria, Sopra,GFI infor-matique,Atos…)avaientununiquemodèle.Ser-geKampf,grenobloisd’origine,avaitdébutéen1960sacarrièreauseinde laDirectiongénéraledes télécommunications à Paris. C’est chezBull, à Grenoble, qu’il gagne ses galons d’ingé-nieur.Mais il préfèrepartir, en 1967, pour créerson entreprise avec trois anciensdeBull.

Le succès du groupe, devenu Cap Gemini

Sogetien1975augréd’acquisitions,et laréputa-tion d’innovation enmatière de managementqui l’a accompagné, n’ont pas conduit SergeKampf à occuper le devant de la scène. C’estsans doute l’un des patrons qui s’expriment leplus rarementdans la presse.

Encore premier actionnaire individuel deCapgemini, avec 3,4% du capital (soit 146mil-lionsd’eurosaucoursactuel),SergeKampfserabien sûr présent ce jeudi pour tourner la pageavecPaulHermelin,quiseradésormaisPDGdugroupe. Un moment que certains collabora-teurs aimeraient souligner en préparant unerétrospective de l’épopée. Dans tous les cas, lemomentd’émotionsera contenu. Lemétierduconseil et des services informatiques est autre-ment plus concurrentiel aujourd’hui qu’il y atrente ou quarante ans.Même s’il reste un sec-teur en croissance.p

Jean-Baptiste Jacquin

l e q u i z

«Nousfaisonsfaceàuntroude16milliards,etnonde9milliardscommenouslepensions»

L’icebergdel’emploi

Ami

ch ron i q u e

PhilippeAskenazy

CNRS, Ecole d’économiedeParis

l e m o t

ÉCO&ENTREPRISE A C T U

Aquoi servira la taxesur les transactions financières?v A réduire le déficit budgétairev A financerun plande relancev A financer l’aide audéveloppement

C ruel dilemmepour le présidentde la République. Certes, il neremettrapas en cause la taxe sur les transactions financières, créée

par sonprédécesseur, qui entrera envigueur au 1eraoût,mais quel usagefera-t-il du 1,1milliardd’euros que rapportera le0,01%prélevé sur lesachats et ventesd’actionsde sociétés françaises cotées et dont la capitali-sationest supérieure à 1milliardd’euros?ABercy, onvoudrait tout à lafois réduire le déficit budgétaire et financer le plande relance. ABruxel-les et à Berlin, oùon travaille aussi sur cette taxe, la clé de répartitiondecette future recette est identique.Mais cette perspective fait hurler lesorganisationsnongouvernementales.Celles-ci rappellentque cettetaxe, à l’originedite «Tobin», dunomde l’économiste américain, JamesTobin, qui la préconisait, avait été conçuepour financer l’aide audéve-loppementdes payspauvres.Gageonsque lenouveauministredudéve-loppement, Pascal Canfin, s’en fera l’échoà l’Elysée commeàMatignon.Qui l’emportera? Selon toutevraisemblance, le gâteau fera l’objet d’unpartagequine satisferapersonne. pAlainFaujas

Personnequide lapartd’uneautreest l’objetd’unattachementprivilé-gié.C’estainsique ledictionnairedéfinit lemot«ami»quinousest sifamilieretqu’onutilise, à tortouaraison,pourqualifierdespersonnesquinousentourent. Pour les900millionsd’utilisateursdeFace-book, l’amiestquelqu’unqu’onaautoriséàaccéderà sapageperson-nelle,à consultersesphotosetà inte-ragiravec soidans le cadred’unerelationbienveillante. LapageFace-bookdeMarkZuckerberg, le jeunefondateurmilliardaireduréseausocial, recense 13,7millionsd’amis.Unnombrequidonne levertige,maisqui s’est élargià la faveurde laspectaculaireentréeenBoursedusitecommunautaireetà lamisesurlemarchédequelque421millionsd’actions.Grâceà leurenthousias-meetà leurporte-monnaie, Face-bookestdevenu laplus fortevalori-sationà l’entréeenBoursede l’his-toiredeWall Street, et son fonda-teur richissime. Seulementvoilà,bienquegénéreux, cesnouveauxamisnesontpasaussi sympathi-quesetbienveillantsque lesanciens: ilsne«likent»pas lesdécla-rationsdeMarkou lesphotosdesesvacances, ils luine lui envoientpasdesdéclarationsd’amourenflam-mées.Non,à laplace, ils le sur-veillent, scrutentsontravail, et vien-nent tous les troismois toquerà saportepoursavoir cequ’il a faitdeleursprécieuxdeniers. Si çane leurvapas, ilspourrontmêmeexiger satête.Car commechacunsait, lesbonscomptes font lesbonsamis.p

SarahBelouezzane

ÉCOUnion européenneSommet informel extraordinaireà Bruxellesdes 27 chefs d’Etat etdegouvernement sur lesmoyensde relancer la croissance.> Mercredi 23mai

InnovationFinancial’ITDay, forumdu finan-cementdes start-upet des entre-prises innovantes, organisé à Eura-Technologies, 165, avenuedeBre-tagne, Lille (Nord). Programme:«Crise économique, crise financiè-re : les investisseurs financent-ilsencore?», «10 règles d’orpouroptimiser votre trésoreried’entre-prise», etc.> Jeudi 24mai

Colloque«Le(s) Français dans lamondialisa-tion: patrimoine(s) à diffuser ouprojet(s) à construire», à Tours(37), université François-Rabelais3, rue des Tanneurs, amphi 1 del’extension.> 24 au26mai

ENTREPRISERepriseExamendes offres de reprisedel’entrepriseBéatex, dernière socié-té française deproductiondebérets basques, par le tribunal decommercede Pau.> Mardi 22mai

RecrutementFête de l’alternance, organiséeparleMedef Ile-de-France, auparc Flo-ral de Paris. Professionnalisationet apprentissage. Entrée gratuite(www.fetedelalternance.com).> Jeudi 24mai

IndustriePetroplus: date limitepour ledépôt desoffres de reprise de laraffineriede Petit-Couronne, prèsdeRouen, placée fin janvier enredressement judiciaire.> Vendredi 25mai

AutomobileReprise àHanovredes négocia-tions salariales entreVolkswagenet le syndicat IGMetall, ouvertesle 8mai.> Vendredi 25mai

SocialDécision concernant l’affaireopposant la directiondeVirgin ausyndicat SUDet auCE, qui veulentfaire annuler la fermeture desmagasinsdeMetz et de Toulouse.> Vendredi 25mai

TransportsmaritimesCérémoniede baptêmedupaque-botMSCDivina àMarseille,12enavire de la flotteMSCCroisiè-res, 333mètresde long, plus de4000passagers, undes plus grosbâtiments sortis des chantiersnavals français.> Samedi 26mai

Mondialisation«La France est-elle sous influen-ce ?», conférenceorganiséeparSkemaBusiness School, la Confé-renceOlivaint et les éditionsVui-bert. SciencesPo (Paris). SciencePo, amphithéâtreChapsal, 27, rueSaint-Guillaume, 75007Paris.> Mercredi 30mai

MANAGEMENTDiversitéConférence«L’entreprise commeacteurde l’évolutionsociétale»,avec Pascal Picq, paléoanthropolo-gue auCollègede France (Cerclede l’Union interalliée, 33, rue duFaubourg-Saint-Honoré,75008Paris).> Jeudi 24mai

DRHUniversitéd’été 2012du clubDéci-DRH«DRH, tous sur le pont!», àAvignon. Thème: les réponsesinnovantesdes décideursRHauxenjeux sociétaux (infos et inscrip-tions:www.uedrh.com)> 7 et 8juin

Lemurde l’argentne s’est finalementpas dressé contre l’arrivée àl’Elyséed’un socialiste qui avait pris la financepour ennemi, tandis queles taux espagnols s’envolentmalgré l’austérité annoncéeparMadrid.

Agenda

Les licenciements,reportés par les patronspour l’après-élection,

vontmettreimmédiatement

à l’épreuvelenouveaupouvoir

SergeKampf. JEAN-PIERRE MULLER/AFP

La victoire de François Hollande n’affole pasles marchés

Mai 2011 18 Mai 2012

Taux des emprunts d’Etat à dix ans, en %

4,5

5,5

6,5

7,5

3,5

2,5

1,5

Espagne

France

Allemagne

2,821

1,421

6,220

Source : Bloomberg

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30123Mardi 22mai 2012A C T U ÉCO&ENTREPRISE

Un patron quigagne 100, 200fois ce quegagne son sala-rié ne peut pré-tendre être un

leader» ; « L’alliance entre desentreprises qui pensent avoir ledroitmoral de faire ce qu’elles veu-lent et une théorie économiquequiles conforte en érigeant en dogmelemythe dumarché efficient nousa conduits à la catastrophe» ; «Levrai changementne viendra ni desgouvernements ni des marchés,mais du mouvement social »…Non, ce n’est pas Jean-Luc Mélen-chonqu’unparterred’universitai-res et de dirigeants de grandesentreprises étaient venus respec-tueusement écouter mercredi16maidanslessalonsdelaSorbon-ne, à l’invitation de l’universitéParis-II, mais Henry Mintzberg,«gourou» reconnu du manage-ment stratégique, auteur prolifi-que, professeur à l’universitéMcGill (Canada), qui a formé desgénérations de futurs dirigeants àl’Inseaddans les années 1990.

Le Pr Henry Mintzberg préciseau «Monde Eco&entreprise» que«les grandes sociétés internationa-les sont devenues trop souvent desexploiteurs des ressources naturel-les et humaines, plutôt que desexplorateurs et des innovateurs».C’est, dit-il, la conséquence dutriomphed’unmodedeformationdes dirigeants qu’il condamnaitdéjà dans un ouvrage célèbre (Desmanagers, des vrais ! Pas des MBA,2005, Ed. d’Organisation). «Lesgrandes écoles et les MBA formentune élite excellant dans l’analyse,mais qui, bien souvent, ne sait pasce qui se passe dans l’organisationqu’elle dirige parce que celle-ci esttropgrande,deplusenplusgrande.Cetteélitecroitquelemanagementest une science ou une profession,

alors qu’il s’agit d’une pratiqueenracinéedansuncontextechaquefois différent.» La confusion entrele leadership et lemanagement, lapressioncourt-termistedesaction-naires et des marchés financiers,ont écarté la capacité à innover, às’adapter, au profit de la capacité à«communiquer» avec l’extérieurde l’organisation, à convaincreactionnairesetconseilsd’adminis-trationplutôtquesespropressala-riés – «être doux avec les forts etduravec les faibles», résumecruel-lementHenryMintzberg.

L’entreprise ne peut plus, dèslors, être une « communauté»dans laquelle chacun a plaisir às’investir dans un but qui lui estsupérieur. Certes, une innovationtechnologique,unbonpositionne-ment sur lemarché, permet à uneentreprise de gagner de l’argent.Mais cela lui est beaucoup plusfacilesi les salariés s’engagent.«Leclientsaittoutdesuitefaireladiffé-rence entre le sourire affiché parobligation par la caissière de Wal-Mart et la qualité du service renduparun salarié engagé», dit-il.

Le coût de l’arrogance mana-gérialeetducourt-termismefinan-cier est énorme, poursuit-il, carelle oblige àmultiplier les contrô-lesdans l’entrepriseet fait suppor-terà lacollectivitéleprixdes licen-ciements et du malaise au travailengendréspar laquêtepermanen-te d’économies, les fusions-acqui-sitions incessantes. Sans parler ducoût macroéconomique de laconstruction de monopolesautourde ces firmes géantes.

Dans un article de la HarvardBusiness Review publié en 2009,«Rebuilding Companies as Com-munities», Henry Mintzberg s’in-terrogeait sur la possibilité de res-taurer dans les grandes entrepri-ses des communautés de travail à

l’exemple des premiers pas de cequefurentAppleetGoogle.Aujour-d’hui, il cite bien quelques exem-ples, comme British Airways ouFord,dontlesdirigeants,ens’inves-tissant sur le terrain, ont pu retis-serunmomentle lienperdu,avantdeleperdreànouveau. Il reconnaîtégalement les efforts de certainesentreprises qui, dans une démar-che de «responsabilité sociale»,«gagnent de l’argent en faisant dubien», par exemple en créant lesproduitset lesservicesquipermet-tent de lutter contre le réchauffe-

ment climatique ou la pauvreté.«Maispenserquecelapeutchangerle monde, c’est être naïf : il y a tou-jours plus d’entreprises qui exploi-tentqued’entreprisesqui innovent.Onpeutgagnerbeaucoupd’argenten étant irresponsable, les incita-tionsauxmauvais comportementsrestent les plus fortes.»

A la question : «Les entreprisespeuvent-elles, en changeant demodèle, résoudre les problèmesdela planète?», la réponse d’HenryMintzberg est : « Clairementnon. » Les gouvernements non

plus, d’ailleurs, car « ils sont deplus enplus contrôléspar les gran-des entreprises, surtout aux Etats-Unis. La seule différence entrel’Afriqueet les Etats-Unis, c’est quela corruption, aux Etats-Unis, estlégale. En France, il s’agit plutôtd’un cercle fermé de dirigeantscommuns».

Pour le Pr Mintzberg, la crise ducapitalisme, provoquée par untropfortdéséquilibreauprofitdesgrandes entreprises et des mar-chés financiers, ne pourra êtrerésolue que si «le secteur privé est

plus responsable, le secteur publicplus respecté et le secteur “pluriel”plus robuste». Il définit le secteurplurielcommelesmodesd’organi-sation issus des mouvementssociaux: associations,ONG,écoleset hôpitaux non lucratifs, syndi-cats, coopératives de clients, defournisseurs ou de travailleurs –autant d’organisations qui ont,par nature, plus de facilité à créerune dynamique communautairede création de valeur, et à adopterun comportement «responsable»vis-à-vis des «biens communs»–,ressources naturelles et commu-nautéshumaines.

Le rééquilibrage du capitalismepasse, selon M.Mintzberg, par lamise en évidence du poids, déjàimportant, de ce secteur plurieldans l’économie. «Certains pays,comme les Etats-Unis ou le Royau-me-Uni, doivent le développer faceaupoidsécrasantdu secteurprivé ;d’autres, comme la Chine, le doi-vent également face au poids toutaussi écrasantdu secteurpublic ; leBrésil, peut-être l’Inde, sont à monavis les plus proches de l’équilibreentre les trois secteurs, et sont en cesens lesmeilleurs agents dumodè-le économiqueà venir.»

Mais on ne peut régler les pro-blèmes posés par la dominationdu secteur privé par la seule crois-sancedu secteurpluriel. Il est toutaussi nécessaire de faire évoluerles grandes entreprises vers plusde responsabilité et vers unmeilleur partage de leur gouver-nance. «La pression et les idées quipermettront cela, conclut HenryMintzberg, viendront d’abord desmouvements sociaux.»p

AntoineReverchon

«A ladifférencede l’Afrique,auxEtat-Unis,la corruptionest légale»

Pamphlétairedumanagement

«L’élite, biensouvent, ne sait

pas ce qui sepassedans l’organisation

qu’elle dirige»

HenryMintzbergcontrel’entreprisearroganteLecélèbre«gourou»dumanagementpartenguerrecontrelepoidsexcessifdesfirmesgéantesetdelafinance.

Ilprôneledéveloppementdenouvellesorganisationsissuesdumouvementsocial, le«secteurpluriel»

3DEXPERIENCE

IFWE ask the rightquestionswecanchange theworld.**SINOUS posons lesbonnesquestions,

nouspouvonschanger lemonde.

Il faut uneboussole d’unnouveaugenrepourexplorer lemondeet sespossibilités.Les entreprises innovantesutilisentnotreplateforme3DExperiencepour comprendrele présent et naviguer dans le futur.

Pour en savoir plus :3DS.COM/LIFE-SCIENCE

Desnanorobotsmédicaux–unrêvequenos logicielspourraient réaliser.

Sinousvoulonséviterla chirurgie, pouvons-nousavalerun robot ?

HenryMintzbergest titulairede la chaireCleghornà lafacultéd’administrationde l’universitéMcGilldeMon-tréal, où il enseignedepuis 1968. Il est l’undespion-niersde l’approchesociologiquede lagestion, enréali-santune thèse,publiéeen 1973,décrivantunesemainede laviedecinqdirecteursgénérauxd’entreprise(publiéen français, en 1984, sous le titre LeManagerauquotidien– lesdix rôlesducadre, Editionsd’organisa-tion).Au traversde 150articlesetunequinzainedelivres,M.Mintzbergaoffertunedescriptionà la foisempiriqueet structuréedufonctionnementdes firmes.Dès 1994, il adopteunevisionpluscritiqueavec sonouvrageGrandeuretdécadencede laplanificationstra-tégique (publiéen françaisen2004), ou, en2004,Mana-gers,notMBAs (2005en français), dans lequel il attaquel’enseignementdes«businessschools», prônant sonremplacementpar la formationcontinuedesmana-gersenactivité.DansManaging, publiéen2012enfran-çais (Vuibert), il renoueavecuneapprocheplusdescrip-tiveetprescriptive.En revanche, laparution,mi-2012,qu’ilvientd’annoncersur sonsite (www.mintz-berg.org),du«pamphlet» (selonses termes),Rebalan-cingSociety, devrait lui faire renouer, à 72ans, avec lavirulencecritiquequi a fait sa réputation.

DAVID BALICKI POUR «LE MONDE»

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4 0123Mardi 22mai 2012

P rofesseur à Paris-I et cher-cheur à l’Ecole d’économiedeParis,Hippolyted’Albis,

38 ans, lauréat duPrix dumeilleurjeuneéconomiste, est docteur etagrégé en économie.

Vos travaux consistent à intégrerdes variables démographiquesdans lesmodèles économiquesuti-lisés pour définir les politiquespubliques. Quels en sont l’objectifet les champs d’application?

Financement des retraites,immobilier, dépendance, santé,environnement…mes travauxvisent àmieux comprendre l’inte-raction entre économie et démogra-phie sur ces sujets de société. Le butest, par exemple, d’analyser l’effetde l’allongement de la durée de viesur les comportements d’épargneou d’investissement tout au longde la vie. Ou encore l’impact de lacroissance de la population, due àla natalité ou lamigration, sur lacroissance du PIB.

La constructiondemodèlesmacroéconomiques reposant surune structuredémographiquesophistiquée, bien au-delàde la seu-le taille de la population, révèle larichesse et la complexitédes interac-tions entre les générations, qui pas-sent par lemarché, les liens intrafa-miliauxet certaines politiquespubliquesdont les effets sontdiffé-renciés selon les âges. Cette appro-chepourrait révéler denouvellessourcesde redistributionintergénérationnelle.

Quelles illustrations endonneriez-vous à propos des retraites?

Pour financer le déficit des retrai-tes, les discussionsont notammentporté sur l’opportunitéd’un reportde l’âge légal de départ. Une telle

politique contrastait fortementavec la tendancehistoriqued’unelégèrebaisse de l’âgede départ effec-tif, et pouvait êtreperçue commeune cause supplémentaired’inégali-té entre les générations.

Nous avonsmontré que l’histoiredémographiquepropreà chaquegénérationpouvait donnerdu sensà ce report. Les gains d’espérancedevie des générationsprésentes s’ex-pliquent essentiellementpar la bais-se de lamortalité auxâges élevés,tandis que ceuxdesgénérationspas-sées s’expliquaient aussi par desaméliorationsauxâges actifs. Ce nesontpas lesmêmesgains à chaqueâge. Lesmodificationsde la duréedevie, telles qu’elles sontperçuespar lesménages, sont susceptiblesd’affecterungrandnombrede leursdécisions. Pour appréhender effica-cement l’élément démographique,il fallait donc intégrer l’incertitudedansunmodèle économique.

Comment la prise en compte del’incertitudemodifie-t-elle lesmodèles économiques et les politi-ques publiques qui en découlent?

Parceque l’incertitude influenceles comportements,unepolitiquepubliquequin’en tiendraitpascompteserait vouéeà l’échec.Ce futle cas, par exemple, de la campagnedevaccinationcontre la grippeH1N1.Pour les questionsde santé commepourcelle de ladépendance, l’aver-sionà l’incertitude incite à l’attentis-me, au rejet ouà la fuite.

Par exemple, le faible attraitdesproduits financiersproposantunesortieen renteviagère, telleunecom-plémentaire retraite, s’expliqueenpartiepar le fait qu’elle accroît l’ex-positiondesdétenteursà l’incertitu-de. Caronne sait pasquelle seral’évolutionfuturede la longévité,desprogrèsmédicauxsusceptiblesd’affecter lenombrededépendants,desmouvementsmigratoires inter-nationaux,etc. L’évolutiondémogra-phique,qui dépenddesnaissances,de lamortalité et desmigrations, estet seraune inconnue. Poury remé-dier, il ne fautpas faire commesionsavait,mais recouriràdesmodèles

qui intègrent l’incertitude.C’est surlabasedemodèlesmacroéconomi-quesdans lesquels ladémographieestunevariable inconnueque lespolitiquespubliquess’ancrerontmieuxdans la réalitéet anticiperontmieux lescomportementsdes indivi-dus.

En quoi vos recherches servent-elles l’intérêt général?

Lesprogrès réaliséspermettentdemieuxorienter les politiquespubli-ques concernées, lespolitiques fami-liales, de santéetde retraite. Ellesper-mettentdemieuxanticiper certainschangements, commeparexemplel’effetduvieillissementde lapopula-tionsur lemarché immobilier.Maismes travauxont avant toutpourobjetd’améliorer la connaissancescientifique.Unepartiedemesrecherchesest théoriqueetn’a pasd’applicationdirecte surun sujetd’actualiténine conduit àunerecommandationparticulière. Ellepermetsimplementdemieux repré-senter la sociétédans laquellenousvivons,pourmieux la comprendre.

Comment en êtes-vous venuàcette approche démographiquedel’économie?

Lessujetsdémographiquescom-melasurpopulation, le vieillisse-mentet lesmigrationssontparfoisassociésàdespeursetdes fantasmes.L’approchedesdémographes,quiconsisteà les étudierde façonraison-née,m’intéressedepuis longtemps.Depuismondoctorat, l’essentieldemes travauxconsisteà intégrercesavoirdansdesmodèleséconomi-ques. Il y aaujourd’huiunecommu-nauté importantedechercheurs, àl’universitéParis-I, à l’Ecoled’écono-miedeParis età l’Institutnationald’étudesdémographiquesnotam-ment,qui travaillentsur cessujets. Jeparticipeégalementaux travauxdelachaire«transitiondémographi-que»,qui réunit chercheursetprofes-sionnelspour réfléchiràdes solu-tionsconcrètesauxdéfisqueposentlesévolutionsdémographiques.p

Proposrecueillis parAnneRodier

Unprixcrééen2000

«Undécryptageparladémographie»

ÉCO&ENTREPRISE D O S S I E R

Le Prix dumeilleur jeuneéconomiste, créé en 2000,est destiné à valoriser les tra-vaux – thèse ou articlepublié– d’un chercheur oud’une chercheuse âgé(e) demoins de 40 ans. Les écono-mistes représentant lemon-de universitaire et les gran-des écoles peuvent concou-rir à ce prix, doté de 3000euros, destiné à couronnerdes travaux portant sur l’éco-nomie appliquée, en priseavec le réel et participantaux débats économiques dumoment.Chaquemembre du Cerclesélectionne cinq candidats àpartir des dossiers déposés,comprenant obligatoire-ment une liste de travaux etdeux textes représentatifs.Puis le Cercle sélectionnequatre noms, transmis au«Monde Eco &entreprise».L’ultime étape consiste à

désigner le lauréat et lesnominés à partir d’un jurycomposé demembres du Cer-cle et de la rédaction du«Monde Eco &entreprise».Les lauréats des années pré-cédentes sontXavier Gabaixen 2011, Emmanuel Saez en2010, YannAlgan et ThomasPhilippon (2009) ; Pierre-Oli-vier Gourinchas (2008) ;David Thesmar (2007) ;ThierryMayer et EtienneWasmer (2006) ; EstherDuflo et Elyès Jouini (2005) ;DavidMartimort (2004) ;Pierre-Cyrille Hautcœur(2003) ; PhilippeMartin etThomas Piketty (2002) ; Pier-re Cahuc (2001) ;Agnès Bénassy-Quéré etBrunoAmable en 2000.Le Cercle des économistes,créé en 1992, est composéde Patrick Artus, AgnèsBénassy-Quéré, FrançoiseBenhamou, Jean-Paul Betbè-

ze, Christian de Boissieu, Lau-rence Boone, Anton Brender,Pierre Cahuc, André Cartapa-nis, Jean-Michel Charpin,Jean-Marie Chevalier, BenoîtCœuré, Lionel Fontagné, Pier-re Jacquet, Bertrand Jac-quillat, Jean-DominiqueLafay, Jean-Hervé Lorenzi(président), Catherine Lubo-chinsky, JacquesMistral, Oli-vier Pastré, Anne Perrot, JeanPisani-Ferry, Jean-Paul Pol-lin, Dominique Roux, Chris-tian Saint-Etienne, ChristianStoffaës, David Thesmar, Phi-lippe Trainar, Alain Trannoy,Daniel Vitry.Le Cercle organise chaqueannée les Rencontreséconomiques d’Aix-en-Pro-vence, qui auront lieu les 6, 7et 8 juillet, et qui seront inti-tulées : «Et si le soleil selevait aussi à l’Ouest… lanouvelle dynamiquemondiale».p

L’Europe hésite aujourd’huisur sa stratégie économique.Elle ne croit plus aux vertusde la relance par la dépensepublique, mais s’inquiète ducumul des effets récessifs des

programmesd’austéritémisenœuvrepardifférentspays. Elleappellede sesvœuxleretourdelacroissance,maissansêtrecapa-ble à ce staded’endéfinir lesmoyens.

Dans les années 1980, face à des enjeuxsimilaires, Jacques Delors sut définir unevoie nouvelle pour l’Europe: il s’appuya àceteffetsurdessoutienspolitiques,notam-ment ceux de François Mitterrand et Hel-mutKohl,maisaussisurdestravauxd’éco-nomistesquifurentregroupéssouslelabeldu«coûtde lanon-Europe».

Aujourd’hui, face à des enjeux tout aus-sicomplexes,leséconomistessontdenou-veau sollicités. Bien que critiqués pouravoir sous-estimé les tensionsengendréespar le développement de la finance etn’avoirpasannoncélacrise,ilsontsuparti-ciper à la définition des moyens qui ontpermisd’éviterqu’ellenetourneàlatragé-die. Ils ont instruit depuis plusieursannées les limites à l’endettement public,analysé les arbitrages nécessaires auredressementdescomptespublicsetéclai-rélesinteractionscomplexesentrelasitua-tion budgétaire, la compétitivité et les ris-quesbancaires,toutenreconnaissantaveclucidité les lacunesde leurdisciplineet lesinsuffisancesde leursméthodes.

Depuis vingt ans, le Cercle des écono-mistes regroupedes économistes cooptéssur les seuls critères de la qualité intellec-tuelle, dugoûtdudébatpublic et de l’ami-tié. Ils appartiennent à des courants intel-lectuelsdivers,n’ontaucuneidentitépoli-tique collective et ne craignent jamais dese contredire entre eux. Leurs cursus pro-fessionnels intègrentà la foisdes activitésacadémiques et des participations à la vieéconomique. C’est cette double expérien-ce, menée en toute transparence, qui per-met la production de travaux de qualitésans tomberdans l’abstraction.

Chaqueannée, leCercledeséconomistesetLeMondedécernent, enpartenariatavecle Sénat, le Prix du meilleur jeune écono-miste.Celui-cidistinguel’excellenceacadé-mique,lacapacitéd’innovationetlapartici-pationaudébatpublicparmilesjeuneséco-nomistes français, comme en témoignel’ouvrage intitulé Repenser l’économie (LaDécouverte, 195p., 14 euros), cosigné par

d’ancienslauréatsetéditéparl’équipedelarevueRegardscroisés sur l’économie.

Le jury du Prix 2012, présidé par Jean-Michel Charpin, a été amené à prendre encompte, encoreplusque les annéesprécé-dentes, l’utilité des travaux des candidatspour éclairer les choix de stratégie écono-mique des années qui viennent. Vingt-sept candidatures ont été reçues, prove-nant des principaux centres de recherchefrançais et étrangers.

Le lauréat du prix 2012, Hippolyte d’Al-bis,professeuràl’universitéParis-Ietcher-cheurà l’École d’économiede Paris, est unspécialiste d’économie démographique.Sestravauxanalysentleseffetsdeladémo-graphie–natalité, espérancedevie, popu-lation – et des systèmes de retraite sur lacroissance. Même si le Cercle des écono-mistes s’est toujours félicité de la recon-naissanceinternationaledesjeunesécono-mistes français, c’est aussi une satisfac-tion de distinguer cette année un jeuneuniversitaire exerçant en France et formédans lesmeilleuresuniversités françaises.

Eclairages utiles aux choix actuelsLes troisnominésontproduit, chacunà

samanière,deséclairagesutilesauxchoixactuelsde stratégie économique.

Arnaud Costinot, professeur assistantauMassachusetts Institute of Technology(MIT), déjà titulaire de nombreux prixfrançais et étrangers, est un spécialiste ducommerce international. Ses travauxrepartent du cadre fondateur de DavidRicardo pour l’étendre et l’approfondir.Ses analyses sont porteuses de richesenseignementspourladéfinitiondespoli-tiques commerciales et les débats sur leprotectionnismeet les délocalisations.

PascalineDupas,professeureassistanteà l’université Stanford (Californie), mènesesrecherchesdansledomainedel’écono-mie du développement. Dans la lignéed’Esther Duflo et Abhijit Banerjee, elleapplique des méthodes expérimentalespour trancher des questions portant surl’efficacitédespolitiquesde lutte contre lapauvreté.

AugustinLandier,professeuràl’univer-sitédeToulouseetancienprofesseurassis-tantà l’universitédeNewYork, estunspé-cialiste de finance. Ses travauxmicroéco-nomiques portent sur la finance d’entre-prise et le comportement des profession-nels desmarchés.p

Le Cercledes économistes

Décernépar«LeMonde»et leCercledeséconomistes,enpartenariatavecleSénat, lePrix2012dumeilleurjeuneéconomistedistinguedeschercheurspourquil’observationdespratiquesfondelathéorie,qu’ellessoientlefaitdesépargnants,

desEtatsenconcurrencecommerciale,desfamillespauvresdanslespaysenvoiededéveloppementoudestradersdelaBourse

Lesacteursdel’économiesouslaloupedesjeuneschercheurs

DESSINS : STÉPHANE KIEHL

MANUEL LAGOS CID POUR «LE MONDE»

Page 5: 3D%= :G0: *@ !)%)@D $)@I) J+HIH!%CA) Mintzberg contre l... · .fPb]

50123Mardi 22mai 2012D O S S I E R ÉCO&ENTREPRISE

«Ilfautcompenserlespertesdesvictimesdelamondialisation»

A rnaudCostinot, 34 ans, nominéauPrixdu jeune économiste, est professeur audépartementd’économieduMassachu-

setts Institute of Technology (MIT) depuis 2010.Polytechnicien, il est titulaire d’undoctorat del’universitéde Princeton.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisé sur leseffets du commerce international?

Beaucoupde chercheurs en économie sontmotivés par un problèmequ’ils ont connuper-sonnellement. Les étudiants d’Amérique duSud, qui ont connu l’hyperinflation, ont ten-dance à étudier lamacroéconomiemonétaire.NombredeNord-Américains se penchent surl’économie de la santé… Je ne fais pas excep-tion. Je viens deDunkerque, où j’ai vécu lestransformationsde la ville dans lesannées1980 et 1990: la fermeture du chantiernaval et la réduction de l’activité portuaire,sous l’effet de la concurrence internationale.Celam’a donné envie de comprendre lestenants et aboutissants de lamondialisation.

Vous vous êtes donc intéressé à la théorie desavantages comparatifs de David Ricardo. Pen-sez-vous, comme le prédit cette théorie, quetout lemondebénéficie du commerce inter-national?

La théorie ricardienne passe sous silence leseffets redistributifs de l’ouverture du commer-ce international. Pour cette théorie, les tra-vailleurs sont lesmêmes. Or en réalité, la com-pétition fait des gagnants et des perdants ausein de chaque pays. En France, les salariés del’aéronautique, du luxe ou de l’agroalimen-taire ont beaucoupplus de chances de bénéfi-cier, en tout cas à court et àmoyen terme, del’ouverture des échanges. Les hypothèses de lathéorie ricardienne sont unemeilleure descrip-tion du long terme, lorsqu’il existe une vraiepossibilité pour les travailleurs de passer d’unsecteur à l’autre.

Quelest selonvous lemessagedecette théorie?La contributionmajeurede la théorie des

avantages comparatifs est d’expliquerde façonsimple et transparente l’originedes gainsdel’ouverture internationaledu commerce.Deuxpaysqui s’ouvrent l’un à l’autre y gagnent tousles deux. Cependant, pour que chaquehabitanty gagne, ondoit pouvoirmettre enplace destransferts afin de compenser, desdeux côtés, lespertes de celles et ceuxqui sont les victimesdece commerce. Lamondialisationcrée doncunevraie tension: d’un côté, on a encoreplusbesoinqu’avantd’un filet social pour assurer ceuxquisont affectés; de l’autre, la capacité à taxer peuts’en trouver réduite…

La stratégie des firmesmultinationales et lafacilitédu transfert de technologies – desphéno-mènesqueRicardonepouvait pas anticiper –peuvent jouerparallèlementun rôle important.Comme l’a démontréPaul Samuelson, les trans-ferts de technologie entre payspeuvent réduireles gains du commerce international. C’est doncla taille des gains qui est aujourd’hui enques-tion. Cela étantdit, s’il n’y avait plus d’intérêt aucommerce international, on devrait voir les fluxcommerciauxdiminuer. Or c’est le contrairequ’onobserve enpratique.

Les experts peinent à évaluer les gains liés àl’ouverture internationale des échanges.Pourquoi?

L’évaluationest unequestion très compli-quée. Les conséquencesnégatives sont très faci-les à identifier, par exemple enobservant lesdélocalisations. Les gains, eux, sontplus diffici-les à quantifier : que sepasserait-il en termesdeproductivitéoudeproductionsi l’on avait gar-dé, dans chaquepays, les activités que l’on aabandonnées? La réponsedes experts dépendsouventdumodèleutilisé et des hypothèsessous-jacentes…

C’est la raisonpour laquelle j’aimené, avecDaveDonaldsonduMIT, des études sur lesbiens agricoles, car le travail des agronomespeut aider à calculer, avecplus de données etmoinsd’hypothèses, ce que seraient la producti-vité et la production en l’absencede commerce.Nous avonsétudié, à partir des statistiques amé-ricainesduUSCensus, les gains du commerceagricole entre les différents comtésdes Etats-Unisde 1880 à 2000.Notre évaluation, bienquepréliminaire, est que ces gains sont aussi impor-tants que ceuxnés duprogrès techniqueet de lamécanisation! Evidemment, il s’agit d’un sec-teur très particulier et d’un exemplebienpré-cis, à l’intérieurmêmedes Etats-Unis.pProposrecueillisparAdriendeTricornot

«Uneaidegratuiteamélioreàlongtermelasantédespluspauvres»

P ascalineDupas, 35 ans, nominée auPrix dumeilleur jeune économiste,enseigneà l’universitéde Stanford

(Californie).Diplôméede l’Ecole normalesupérieure (Ulm), elle a réalisé sa thèse en éco-nomiedudéveloppementà l’Ecoledes hau-tes études en sciences sociales et à l’Ecoled’économiedeParis sous la directionde Fran-çois Bourguignon.

Vos recherches concernent les questionsde santé dans les pays pauvres. Quels ensont les principaux résultats?

J’essaiede comprendre les contraintes aux-quelles font face lesménagesdes pays pau-vres quand ils prennent la décisiond’investir(ounon) dans la santé et, par conséquent,quels typesdepolitiques publiquespeuventréduire ces contraintes.

Unepremière série d’études,menées avecJonathanRobinson, de l’universitéde Califor-nie à SantaCruz, concerne le fait que lesménagesn’ont pas d’accès auxbanques etdonc à l’épargne sécurisée.

Jusqu’à récemment, laplupartdes recher-ches sur l’accèsau systèmefinancier étaientlimitéesà laquestiondumicrocrédit, ens’in-terrogeantde lamanièresuivante: lemicro-créditpeut-il aider lespauvres?Mes travauxavecM.Robinsonontmontré l’importancedelamicro-épargne: alorsque laplupartdes trèspauvresneveulentpasemprunter, ils souhai-tentépargner.Notre recherchesuggèrequ’aug-menter l’accèsauxbanquespourraitpermet-tre auxpauvresd’épargnerdavantageet doncd’investirplusdans leur santé, ainsi quedansl’éducation,dansuneentreprise familiale, etc.Mais il n’est pas rentablepourunebanquecommercialedecréerunebrancheenpleinecampagneetde servir les trèspauvres, car lesmontantsque ceux-cipeuventépargner sontrelativementfaibles. Il fautdoncsubvention-ner ces servicespour les pauvres.

Vous avez également travaillé sur lafaçondont fonctionne l’aide au développe-ment?

Il y a undébat entre ceuxqui pensentquelemeilleurmoyend’améliorer le sort despauvres est de distribuer enmasse et gratui-tement tous les produits essentiels (en parti-culier ceuxqui concernent la santé commelesmoustiquaires, les filtres à eau, etc.) afind’améliorer la santé d’un seul coup; et ceuxqui pensent qu’il vautmieux convaincre lespauvresd’acheter ces produits sur lemarché,car c’est la seule façonde créer une demandesoutenuepour ces produits, et la seulemaniè-re de garantir qu’ils seront utilisés à bonescient par les pauvres. Ce second camp, ditdu«marketing social», est convaincuque lesgens ne valorisent pas (et doncn’utilisentpas) unproduit qui ne leur a rien coûté.

J’ai conduitune série d’études empiriquesauKenyapour tester ceshypothèses à traversla distributiongratuite demoustiquaires. Et,jusqu’àprésent, je n’y ai trouvéquedes avan-tages. Cette conclusionvientde trois résul-tats principaux: tout d’abord, les gensutili-sent lesmoustiquairesqu’ils reçoiventgratui-tement; ce faisant, ils apprennent l’importan-cedesmoustiquaires et cela les rendplus àmêmed’investir leur propre argentdans ceproduitpar la suite; enfin, s’ils doivent inves-tir leurpropre argent dansunemoustiquaireavantd’avoir puexpérimenter ses avantagesavecunegratuite, les pauvres choisissentdenepas investir, car ils n’ont pas assez d’argentpourprendre des risques sur unproduitqu’ils ne connaissentpas. Ainsi, distribuer lesmoustiquairesgratuitement aumoinsunefois dansune communautépauvrepermetl’apprentissagedans le long terme, enplus desauverdes vies à court terme.

Comment avez-vous été amenée à traiterces questions?

J’ai vécuauKenyapendantunanavantdefairemathèse.C’est à cemoment-làqu’ilm’estapparuque lesproblèmesdesantéétaient fon-damentaux.Entre lamalaria, ladysenterie, lafièvretyphoïde,etc., lesménagesque j’ai ren-contrésauKenyadépensaientuneparténor-mede leurs ressourcespour traiter cesmala-diesendémiques. Lepeud’argentqu’ilsparve-naientàéconomiserdisparaissaitchaque foisqu’unmembrede la famille tombaitmalade.Jemesuisalorsdemandépourquoicesmala-dies,pourtantévitables,nepouvaientpasêtreévitéespar cesménages.pProposrecueillisparAntoineReverchon

«EnEurope, lesbanquesserefontunesantéauxdépensducrédit»

A ugustin Lan-dier, 37 ans,nominéauPrix

dumeilleur jeuneéco-nomiste, est profes-seurà l’Ecoled’écono-miedeToulouse.Nor-malien,agrégédemathématiques, il esttitulaired’undoctoratduMassachusetts Insti-tuteof Technologyetatravaillédans la finan-ceauxEtats-Unis.

Qu’est-ce qui vousmotive dans la recherche enéconomie?

Lamanièredont je perçois cemétier n’est pas loinde celle de détectiveoud’enquêteur: il s’agit derésoudreune énigmeencreusantun sujet. C’estpourquoi j’aime, outre les théories, analyserdes don-nées pourdétecter la confirmationd’unphénomè-neou la trace d’unmécanisme. Pourmoi, un bonpapier économique, c’est commeun romanpoli-

cier: ilmet à jourune tramecachéeou fait surgirune idéenouvelle, unpoint ignoré jusqu’ici dudébat. En économie financière, cela se fait enutili-santde très grosses bases de données, c’est ce que lesAméricainsappellent la «forensic finance» : larecherchede«tracesd’ADN» trahissantdes compor-tements individuels, pourmieux les expliquer. Parexemple, j’ai regardé à la loupedesmanipulationsdevaleurs boursièrespar les fonds spéculatifs…

Comment expliquez-vous, alors, le dysfonction-nement desmodèles financiers?

Beaucoupde systèmes fonctionnentbiendans lesrégimesnormauxmaispasdans les situationsextrê-mes.Dansdes secteurs comme l’aviation, lemédica-mentou l’alimentation,onexpérimenteces situa-tionsavant lamise sur lemarchéd’unproduit. Cen’étaitpas le casdans ledomainede la finance.

Lacrisedoit conduire les régulateursà anticiper laréactiondes acteurs financiersàde telles situationsextrêmes: en fonctiondes incitationsdont ils sontl’objet –ont-ils intérêtounonà tricher? –, en fonctiondecequ’onsaitde lapsychologiedes acteurs, et enfinenprenantencompte les asymétriesd’information:

lorsquecertainsagentsontnettementplusd’infor-mationsqued’autres, celapeutdétruire certainsmar-chés.Unmarchécommeceluide la titrisations’esteffondré lorsque le soupçons’estgénéralisédu faitquecertainsacteursont commencéàvendremassive-ment.Maisavant tout, les régulateursdoiventcollec-terdes informationsmicroéconomiquespouryvoirplusclair, car la financebaignedans l’opacité.Cesdon-néesseraientaussi trèsutiles à la recherche.

La crise des dettes souverainesdans la zoneeuroestunbon exemple.AvecRobinGreenwood (Har-vard) etDavidThesmar (HEC), nousavons étudié lesdonnéespubliées par les banques sur leurs exposi-tions auxdettes souveraines à l’occasiondes «stress-tests» européens.Nousavonsmodélisé la spiraledeliquidationdes dettes souverainesgrecquesou espa-gnoles: la vente de ces titres conduit à unedéstabili-sationdesautresdétenteursde ces titres, eux-mêmespoussés à la vente. Lemodede contamina-tiondes créanciersde laGrècea été très prochedecelui de la propagationd’unvirus…

Pourquoi les Etats n’ont-ils pas pu intervenir?Les tabous européens sur le défaut et les frontiè-

resde l’euroont tétanisé les politiques. Ils sont inter-venusexpost, ainsi que la Banque centrale euro-péenne (BCE), pour stabiliser le systèmebancaire…aux frais du contribuable.

Lemanquede transparencedu systèmebancaireet financier lui permetde fairepeur auxEtats et d’entirerparti. Lespolitiquesont étéunpeunaïfs. Leurréflexe restede demander aux responsablesbancai-res ce qu’il faut faire, ce qui est surréaliste, car ceux-ci défendent, logiquement, leurs actionnaires. Il estpar exemple inadmissibleque les banques aientpucontinuerà verserdes dividendes alors qu’elles sontdevenuesde facto des institutionsparapubliques,dont les résultatsdépendentdu soutiende la BCE. Leproblèmede la précarité des bilans bancaires estconnudepuis le début de la crise, en 2007.

Il aurait fallu imposer des recapitalisationsparémissiond’actions, cela aurait fait perdre – et c’estlégitime–, beaucoupauxactionnaires,mais évité le«credit crunch». Une telle politique volontaristen’apas étémenéeà temps en Europe, ce qui conduit lesbanquesà se refaireune santé enprêtantmoins,auxdépensde l’économie. p

Proposrecueillis parA.deT.

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6 0123Mardi 22mai 2012

Alors que la France vientde sedoter d’unnouveaugouverne-ment, la paritépromisepar Fran-çoisHollande est au rendez-

vousdunouveauquinquennat.Au-delàdes enjeuxd’équité que repré-

senteun tel choix, onpeut s’interrogersur les conséquenceséconomiquesde laprésence accruedes femmesenpolitique.

Dans la sphèreprivée, après avoir long-tempsconsidéré la famillecommeuneentitéhomogène (les «ménages»), les éco-nomistes la conçoiventaujourd’hui com-meunagrégatdepersonnesavecdesobjectifspas forcément identiques,nimêmeconcordants. Enapparenceanodin,ce changementdeparadigmeapourtantdesconséquencespratiquestrès importan-tes.Ainsi, dans lespayspauvres,des étu-desontmontréque les femmesne fontpas lesmêmeschoixque leshommes.

Lorsqu’on leuraccordeune subvention,cesdernièresprivilégient la santé et l’édu-cationde leurs enfants, alorsque leshom-mesaccroissent leurs investissementsetleurconsommationpersonnelle.Cettedif-férencede comportementa conduit lesbailleursde fonds commelaBanquemon-diale,mais aussi lesOrganisationsnongouvernementales,à réorienter, dans lesannées2000, leurpolitiqued’aideenfaveurdes femmes.Ainsi, 70%desmicro-créditsdans lemonde leur sontattribués.

Plusde femmesdans lespays richesAutant il est aisé d’identifier des effets

causals à l’échelledesménages, par exem-ple en réalisant des expériences, autantcela est difficile à l’échelle des Etats. Leschercheursne sont pas enmesure d’in-fluencer les décisionspolitiques et doi-vent se contenter d’exploiter les données

existantes, qui sont rarement adaptées àdes études de causalité.

Par exemple, il y a plus de femmes quiparticipent à la vie publique dans lespays riches que dans les pays pauvres.Doit-on en conclure que la parité estsource de croissance économique, ouplutôt que la croissance conduit à uneplus grande égalité entre les sexes, ouencore, les deux à la fois? Sur la simplebase de données concernant les pays,c’est impossible à déterminer.

Endépit de cesdifficultés, des étudesont réussi à établirun liende causalitéentre la présencedes femmes enpoliti-queet les politiquesobservées. La pluscélèbre, réaliséeparEstherDuflo et Ragha-vendraChattopadhyaysurdes donnéesindiennes, amontréque les élusont ten-danceàmettre enœuvre lesprojetsimportantspour lespersonnesde leur

sexe. Ainsi les femmes seraientplus àl’écoutedes besoinsdes femmes, en l’oc-currence l’eaupotable auRajasthanet lesroutes et l’eau auBengale-Occidental, etleshommesde ceuxdeshommes, en l’oc-currence les routes auRajasthanet l’édu-cationauBengale.Dansune étude récen-te sur lesmunicipalitésbrésiliennes, Fer-nandaBrollo etUgoTroianoconfirmentcesdifférences.Dans leur échantillon, lesfemmessontdemeilleuresgestionnaires,et fontplusd’effort enmatièrede santé.

Mêmesi beaucoupde travail reste à fai-repourmieuxcomprendre les enjeuxéco-nomiquesde la parité, les étudesmon-trentque les hommeset les femmesn’ontpas lesmêmespréférences,ni lesmêmespréoccupations,et du coupnemettentpas enœuvre lesmêmespolitiques.Avoirunegouvernanceaudiapasondenotresociétépassedoncparplusd’égalité.p

Laparitéenpolitique,accélérateurdechangement

e n b r e f

PolitiqueLa première initiativecitoyenne européennea été lancée le 9maiLes citoyens européenspeuventdésormais agir directement surl’ordredu jour législatif de la Com-missioneuropéenne. L’initiativecitoyenne, entrée en vigueur le1eravril, «permet àunmilliondecitoyens issus d’aumoins unquartdes Etatsmembres de l’UEd’invi-ter la Commission européenneàprésenterdes propositions», indi-que la Commission.La première initiativeeuropéenne, intitulée «Fraternité2020-Mobilitéprogrès Europe» aété enregistrée le 9mai, à l’occa-sionde la Journéede l’Europe.Proposéeparun comitédecitoyensde l’UE vivant enAutri-che, enBelgique, enHongrie, enItalie, au Luxembourg, enRouma-nie et en Espagne, qui veulentdévelopper lamobilité intra-européennepar l’essor desprogrammesd’échanges euro-péens, commeErasmus, cette ini-tiative aunanpour réunir unmil-lionde signatures provenantd’aumoins sept Etatsmembres.Unefaçondeparticiperdirectement àl’élaborationdes politiqueseuropéennes.> Voir le site Internethttp://ec.europa.eu/citizens-initiative/public/welcome?Ig=fr.

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ch ron i q u e

EmmanuelleAuriol

Ecole d’économie de Toulouse

Christine Berkovicius

Orléans, correspondante

Depuis novembre, au terminal d’OrlyOuest, lespassagersd’Air Francequi veulent éviter lesfiles d’attentepeuvent enregistrer eux-mêmesleurs bagages grâce àunnouvel automate, un

prototypedéveloppépar Alstef, une sociétéorléanaisespécialiséedans lamanutentionautomatisée. Le voya-geurdépose sa valise ou son sacdans le «BAGXpress», col-le son étiquette, scanne sa carte d’embarquement, et lebagagepart vers sa destination finale, le tout enmoins de30secondes, soit deux fois plusvite que la normale.

Enquatremois, l’appareil a séduit quelque 30000 voya-geurs. PourAlstef, qui emploie 140salariésdont 80ingé-nieurs et techniciens, c’est la concrétisationdedeuxansde travail, en collaborationétroite avecAéroportsdeParis(ADP).«La tendance est à la simplificationdesprocéduresd’embarquement», rappelle le PDGPierreMarol. «Nousn’étionspas les premiers àavoir cette idée,mais noussavionsque la seulemachine en test à l’époquenedonnaitpas vraiment satisfaction.Nous avonsdoncpris l’initiatived’aller frapperà la porte d’ADPpour leurproposerde déve-lopperunemachinequi répondeà leurs besoins.»

Intéressé,ADP, qui connaît bienAlstef pour ses systè-mesd’acheminementautomatisédes bagages en soute,acceptede financerunepré-étude, puis une seconde, quidébouche sur le prototypeen test. Le projet représenteuncoût de 1milliond’eurosdontunpeumoins de lamoitiépourAlstef. La société a réalisé la conceptionmécaniqueet électronique: pesée et bascule dubagage, lecture ducode-barreset sécurisationde l’appareil, pour éviter parexemplequ’on y introduise autre chosequ’unbagage,etc.De son côté, ADP a travaillé sur le design, et l’interfaceavec le passager et la compagnieutilisatrice. Le groupeaéroportuaireest détenteur dubrevet,mais c’est Alstefqui assurera la fabricationet la commercialisationduBAGXpress, dans le cadre d’un contrat de licence exclusif.

Pourpasser à l’industrialisation,Alstef finance l’inves-tissementd’environ 300000euros grâce àunprêtd’OSEOet au crédit impôt recherche. Alstef semontre trèsconfiant,«même si cinqou six concurrents proposentaujourd’huiuneoffre plus oumoins similaire».A lui seul,ADP représenteunmarchéd’une centained’appareils aumoins, et d’autres clients potentiels ont déjàmanifestéleur intérêt. Prudent dans ses prévisions,Alstef, qui a réali-sé 43,6millionsd’euros de chiffre d’affaires l’andernier,table sur 20machinespar an,mais pourraitmonter jus-qu’à 50, soit 10%de sonactivité, à très court terme.p

JulienDupont-Calbo

Ce soir auMedef, c’est «barcamp».On a installé des spots violets,«mais il n’yaquede l’eauminéra-le et des bonbons au buffet »,

s’étonne un participant. Logique : leconceptdelasoiréereposeplussurl’aspect«camp»quesurlecôté«bar»:chacundoitapporter sa contribution au groupe. «Lesparticipantsdéfinissenteux-mêmesles thè-mes de discussion», traduit Jean-Christo-pheCapelli, co-organisateurdu «BarcampGénérationsEntrepreneurs».

Dans l’amphithéâtre, quelque 300jeu-nes créateurs d’entreprise apprennent lesrèglesdujeu:zérohiérarchie;onnerepré-sentepassonentreprisemaisses idées;onse présente en trois mots. Puis chacunprend un stylo, un Post-it, et colle sur lemur les sujets qu’il souhaite voir aborder.En résulteungrandn’importequoimulti-colore : «Do you speak investisseur» ;«Asie, comment s’y implanter» ; «Quichoisir commeassocié», etc.

C’est la question du financement quil’emporte. Les Post-it sur ce sujet descen-dent jusqu’au sol. La salle «créativité» estcomble,maisc’est lefruitdelaprésencedeCharles Beigbeder, le président de la com-missionentrepreneuriatduMedef.

«Une nuit en garde à vue»Danslehall,unequarantainedeperson-

nes assises par terre discutent des millemanières de glaner des financements. Unjeune homme demande à la cantonade:«Qui est allé voir un banquier ?» Seulesdeux mains se lèvent… Un autre avertit :«Faites bienattentionà l’originedes fondsde vos investisseurs: personnellement, j’aipassé une nuit en garde à vue.» Et ainsi desuite… «Il n’y a pas de barrières entre lesporteurs de projets, ceux qui ont déjà crééet les investisseurs», constate Alexandre

David, 25ans, qui lance une solution dedépollution de l’air intérieur. Eric Bezard,plus âgé, a déjà connu le succès. Il est venufaire part de son expérience pour éviterque les autres tombent dans les pièges –nombreux–de la créationd’entreprise. Il aégalementdequoi investirdans lesprojetsde ses benjamins. «Si le charme opère…»,précise-t-il.

Heureusement, il ne le dit pas trop fort.Ce soir, c’est la chasse aux contacts et auxidées,maissurtoutauxfonds.Commesou-vent, on entend les participants se plain-dre de la difficulté de trouver de l’argentpour financer la croissance des start-up.Ilsarriventàselancerenpiochantdanslespochesdesproches,maispeinentàattein-dre la taille critique.

«Si tu cherches des investisseurs, cher-che les cheveux blancs», conseilleGuillau-me Charnier. Le jeune ingénieur en bio-

technologie est en trainde créer les statutsde sa société. «Le problème, c’est que je suisbeaucoup trop jeune pour être pris ausérieux dans ce domaine.» Alors Guillau-me Charnier a décidé de faire ses preuvesavec Lolypep’s, une sucette énergisantefaçonRedbull, bientôt en vente.

«L’argent, personneneva vous le donnercommeça!»Assisaumilieudugroupe,Jérô-me Rallo dispense ses conseils. Trop vieuxpourapprendre, sourit-il,maisà l’écoute: ila de l’argent à investir dans des projets decréation. «Pour trouver 300000euros, lemieux est de contacter plusieurs personnesenparallèle.Amoinsde2millionsd’eurosdechiffred’affaires,vousn’aurezpasaccèsauxcapital-risqueurs. Ces gens-là reçoivent1200 dossiers par an, ils en examinent 80 etprennent 5participations.» Les jeunes gensendimanchésse jaugent: tousveulent fairepartiede ce cinqmajeur.p

C’est lenombred’emploiscréésoumaintenusen 2011par France Initiative. Ce réseauassociatifd’aide à la créationd’entrepriseaccompagne lescréateurs et repreneursd’en-treprisedans la validationdeleursprojets. Il joueun rôle degarant auprèsdes banquesquileur facilite l’accès auxprêts etaccorde lui-mêmedesprêtsd’honneursans intérêts. 67%desporteursdeprojets en 2011étaient sans emploi et 23%desjeunesdemoins de 30ans.Depuis 2007, le réseau, large-ment implanté sur le territoireavec 240plates-formes, a crééoumaintenu75100 entrepri-ses. Le tauxdepérennité àtrois ans des entreprisesaidées est de 85%.

ÉCO&ENTREPRISE I N N O V A T I O N

T e c h n o l o g i e

AOrly,pesez, scannez…et c’estparti!

RéunionTupperwareauMedefc r é a t e u r s d ’ e n t r e p r i s e

Le3maise tenaitàParisun«barcamp»destinéauxjeunesentrepreneursafind’échangerdes idées,desquestionsetdes tuyauxLadépendance,

ledépendantetl’Internet

l a l e t t r ed e b e r l i n

Au siège parisienduMedef,le 3 mai. MEDEF

Cécile Boutelet

Berlin, correspondance

Elle s’occupede samère âgée, atteinted’Alzheimer, et, depuis quelquetemps, elle sent que les forces luimanquent, que sa patience est à

bout. «Mamère se comportede plus en pluscommeun enfant», écrit cette femme, épui-séepar desmois de soins. «Aujourd’hui, j’aipresque lâché la brosseà cheveux», écrit unautre. Sur le sitewww.pflegen-und-leben.de(«soigner et vivre»), ils sont des centaines àse confier sur leurs difficultésquotidiennesdans le soin d’unproche âgé.Des psycholo-gues leur fournissentun soutien gratuite-ment, dans le respectde leur anonymat et deleursdonnées confidentielles.

Cette initiative inédite a vu le jour en sep-tembre2010. L’associationberlinoise Cata-nia a eu l’idéed’utiliser les ressourcesde l’In-ternetpourpallier lemanqued’accompagne-mentpsychologiquedes accompagnantsdespersonnesdépendantes. EnAllemagne, levieillissementde la populationest undéfimajeurdes prochainesdécennies. L’offre destructuresd’accueil pourpersonnes âgéesest d’ores et déjà insuffisante. La bonne santépsychologiquedes accompagnants, parentsou conjoints, est doncunenjeu essentiel.

«Ce systèmed’aide permet de se libérer descontraintesde lieux et d’horaires», expliqueKristinaKöhler, psychologuecollaboratricede ce projet financépar l’Etat. «C’est particu-lièrement importantpour ceuxqui habitent àla campagne, ou qui sont occupés toute lajournéepar les soins et ne peuvent se retrou-ver que le soir devant leur ordinateur.»

«Commeun journal intimequi répond»SurPflegen-und-leben.de, lesdemandeurs

sontengénéral âgésde50à70ans.Contraire-mentaux idées reçues, ils sontdeplus enplusnombreuxàutiliser l’Internet.A l’arrivéesurle site,un test évalue la chargederesponsabili-té à laquelle ils sont confrontéset les consé-quencessur leurvieprivée.Uneoffrede sou-tienpsychologiqueleur est ensuiteproposée.Après inscription,uneboîtedemessagerieestcrééesur le sitepar laquelle ilspeuvent com-muniqueravec lespsychologues.

«Cetanonymatest essentiel car beaucoupde thèmes liésaux soinsdespersonnesmala-desouâgées sont tabous. Ils touchentà l’inti-me,notammentdans le casd’unconjoint. Ilarriveparfois qu’onaitaffaireàdes casdevio-lence», expliqueMmeKöhler. L’écritpermetd’aborderplusvite cesproblèmesetdemieuxles traiter.«C’est commeun journal intimequirépond», ajoute lapsychologue.Seul inconvé-nient: sur Internet, les liens sont souventplusténusqu’à travers le contactdirect.

L’offre pléthoriquede forumsd’entraideen ligne lemontre, la demandeest forte. EnAllemagne, l’accompagnementpsychologi-queprofessionnel sur Internetn’en est qu’àses débuts. L’associationestimequ’il devraitse développer rapidement cesprochainesannées. ChezCatania, onobserve avec atten-tion les exemples canadiens et australiens,pionniers enmatière de soins à distance.Dans les régions peudensémentpeuplées,les ressourcesde l’Internet sont déjà incon-tournablespour les personnels de santé.p

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70123Mardi 22mai 2012

e n b r e f

Olivier Zilbertin

L’idées’estimposéelentement,pru-demment, puis nécessairement.C’est devenu une évidence : nosphotos ne pouvaient plus demeu-

rer uniquement empilées dans lesentrailles électroniques du disque dur.Trop risqué! Il faut le savoir, en effet : lamémoiremorte a une durée de vie, et lesdisques durs ne sont pas éternels. Or,depuis que nous avons acquis notre pre-mierappareilnumérique,combienavons-nous accumulé de clichés? Des milliers !Oui,desmilliers. Il fautdireque ladispari-tionde lapelliculenousadonné ledéclen-cheur facile. Et c’est sans compter les ima-ges les plus anciennes, les voyages, lesmariages, les naissances, les redingotessépia des ancêtres, autant de souvenirssurpapierglacéqu’ila falluscanner,retou-cher, enregistrer. Au bout du compte, sic’était notre bien le plusprécieux?

Pas question, du coup, de le confier à lasurveillanceuniqued’unemémoiredégra-dable.Maisautantdirequ’avantdelespla-cer sous l’autorité d’un siteWeb et de ser-veursdistants, iladoncfalluquel’idéefas-se doucement son chemin. Question deconfiance. Il arrive que les URL (les adres-sessur Internet)aussi, toutcommelesdis-quesdurs, s’éteignent.Alorsonahésité, etpuis on a retenudeux finalistes.

On a gardé du solide, du costaud, dudurable, du garanti sur facture ou pres-que:Flickr (seprononce«flikeur»)etPica-sa.Soitlesservicesdestockagesetd’échan-gesde photodedeuxgéants duWeb,Goo-gle,quiarachetéPicasaen2004,etYahoo!,propriétaire de Flickr depuis 2005. Onaurabeaudire, c’est rassurant. Auxmoinsanxieux, on conseillera d’essayer Joomeo(www.joomeo.com), le concurrent fran-çais, avec son arborescence efficace, sesfonctionsde partagepratiques, sécuriséeset bien pensées, la prise en charge desvidéos en haute définition. Possibilité dedémarreravecuneoffregratuitemaislimi-tée, et de monter en gamme, en fonctionde laplace réservée.A suivre.

Retour vers Flickr (www.flickr.com) etPicasa (picasa.google.fr). En vérité, leface-à-faceest d’autantplus tenduque lesdeux géants proposent deux modes defonctionnements très différents, deuxlogiques distinctes. Le premier s’adresseaussi bien aux amateurs qu’aux profes-sionnels, soit au total à quelque 60mil-lionsdephotographes.Enaoût2011, lesitea franchi labarredes6milliardsdephotoshébergées.

Flickr, surdoué du partageLaplate-formepionnièreducloudcom-

puting – l’informatique à distance – estexclusivement une application en ligne.Lesphotossontconservéessurunserveurdistant. Avec un compte gratuit, on nepourra stocker que 300Mo (l’équivalentde 200photos), et il faudradébourserunevingtained’eurosparanpouraccéderàuncompte «pro» illimité. Il existe plusieursmoyens d’exporter ses images et vidéossur le site : par Internet directement, enpassant par son téléphone portable, pare-mail, ou par le truchement d’applica-tionsphotos.

Surtout: Flickr est un surdoué dans ledomainedupartage.Quel’onveuilleillus-

trer son site, son blog, sa galerie virtuelle,montrer simplement ses meilleurs cli-chés à sa famille ou à ses amis, exposerceux-ci et cacher ceux-là, toutes lesoptions sont disponibles. Y compris, audemeurant, pour partager les prises devuequinesontpas lessiennes:Flickrs’ap-puie surunoutil de recherchepuissant, etquigère leslicences«creativecommons».Pour un usage non-commercial, ou pourillustrerunbilletdeblog, il est ainsi possi-ble de piocher dans l’album des utilisa-teurs de Flickr en respectant les droitsd’auteur.

Avec Picasa, le fonctionnement est dif-férent. Tout peut être stocké sur Internetpar le site Picasa Albums Web (pica-saweb.google.com), moins complet,moins sophistiquéque Flickr.Avecpossi-bilité, là aussi, d’ouvrir un compte gra-tuit, pour 1Gode stockage, et d’acheterdel’espace supplémentaire (exemple :200 G0 pour environ 7,75 euros parmois). Mais Picasa est avant tout un logi-ciel de gestion et d’organisation d’ima-ges. Les clichés restent stockés, traités,rangés sur lesdisquesdurs, puis synchro-nisés à des fins de sauvegarde et deconsultationàdistance.Le logicielestgra-tuit et particulièrementperformant.

Une de ses fonctions les plus spectacu-laires est la reconnaissance automatiquede visages, qui permet de classer et deretrouver automatiquement les photospar personnages présents sur le cliché.Avec le rachatdePicnik– logicielde retou-che d’images en ligne –, Picasa disposedorénavantde fonctionsde retouchesà lafois performantes et simples d’usage. Dequoinous fairehésiter sérieusement.Flic-kr ou Picasa ? Finalement, on a pris lesdeux. Avec ses photos, on n’est jamaistropprudent.p

Fiscalité Un corps international d’experts du fiscpour aider les pays en développementL’Organisationde coopérationet de développementéconomiques(OCDE) a annoncé la créationdes «Inspecteursdes impôts sans frontiè-res»pour aider les pays endéveloppementà améliorer leur fiscalité,notammentà l’égarddesmultinationales.Une fondation indépendan-te regroupera lesmeilleurs spécialistes du fisc des Etatsmembresdel’organisation internationale, qui fourniront auxpays demandeursexpertises et audits. Elle devrait être opérationnelled’ici à fin 2013.

AéronautiqueBientôt des drones civilsLaFranceest l’undespremierspaysàadopteruneréglementationsurl’utilisationdesdrones, cantonnés jusqu’àprésentàunusagemilitaire.Ilspourrontdésormaisêtreutilisésdans l’agriculture, l’audiovisuel, lesecoursauxpersonnes,ou la lutteanti-incendie.Cette réglementationdevraitouvrirunmarchépour l’industrieaéronautique.– (AFP.)

Sondage Les réseaux sociaux, outils de la réussiteLesentreprisesqui connaissentunecroissance annuelle supérieureà10%sont celles quiutilisent le plus les réseauxsociaux, constateun son-dageGoogle-MillwardBrownréalisé auprèsde 2700salariés européens.Ces entreprisesdynamiques s’appuient sur Facebook, LinkedInet autresViadeopouraméliorer les échangesentre collègues.Autre enseigne-mentde l’étude, 86%desutilisateursquotidiensdes réseauxsociauxont récemmentobtenuunepromotion, contre61%desnon-connectés.Cesderniers sontmoins intéresséspar leur travail, note le sondage.

CleanTechEDF lance son fonds d’investissement«propre»L’électricienvient d’annoncer la créationdu fondsElectranovaCapital,en association avecAllianz et Idinvest Partners. Ce fondsde capital-ris-quedisposed’une enveloppede60millionsd’euros pourprendredesparticipationsminoritairesdansdes start-up européennes respectueu-ses de l’environnementet spécialiséesdans le domainede l’énergie.EDF avait déjà investi dans des fonds similaires auCanada et enChine.

Pratique

FLICKRwww.flickr.comAchetéparYahoo! en 2005.Comptegratuit: chargementdephotos limité à300MOparmois (et 30MOparphoto),2 importationsdevidéosparmois(150MOmaximumparvidéo),accèsaux images réduitesuniquement.Comptepayant:nombre illi-mité d’importationsdephotos(50MOparphoto) et de vidéos(500MOpar vidéo), espacedestockageet bandepassante illimi-tés. 20 euros/an

PICASApicasa.google.fr/intl/fr/AchetéparGoogle en 2004Comptegratuit: 5GOd’espa-ce de stockage.Comptepayant:plusieurs for-faitsde stockageen fonctiondel’espacedésiré. Exemples: 25GOpour2 eurosparmois; 200GOpour7,75 euros; 1 TOpour38,90 eurosparmois et jusqu’à 16TOpour622 euros/mois…

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T E S T | s e r v i c e s d e p h o t o e n l i g n e

Pourstockerungrandnombredeclichéssurunserveurdistant, il fautpayer.Mais lesservicesdisponiblessurcesplates-formessontdeplusenplusriches

«Il est temps d’ouvrir unenouvelle frontière pourle développement technologiqueet pour l’innovation»FrançoisHollande a fixé,mardi 15mai dans son discours d’investiture,le cap pour Fleur Pellerin, nommée le lendemainministre déléguéechargée des PME, de l’innovation et de l’économienumérique.

Flickr et Picasa proposent chacundes servi-ces pour imprimer des livres ou des objetsavec les photos stockées en ligne. Dans cedomaine, la palme revient au service deYahoo!, avec de nombreuses possibilités:tirages sur papier, pêle-mêle, posters,calendrier et bien sûr albums. Le plus sou-vent, cela passe par des prestatairesextérieurs,mais avec des liens directs quifacilitent les choses. Ainsi, par exemple,Flickr redirige vers Snapfish, le partenairepour l’impression.D’autres sites permettentde réaliser, d’im-primer, d’échangerdes albums sans avoir àtéléchargeruneàune les photosdéjà dépo-sées, grâce àunpartenariat technologique.

AinsiReunik (www.reunik.com),qui per-metde créer des albumsàpartir de ses pho-tos issuesde Flickr, Picasa etmêmeFace-book. SurReunik, onpeut ainsi réaliser deslivresde 21×21cmàpartir de 39,90euros etjusqu’à 30×30cmàpartir de 79,90euros.Le site disposed’une aide endirect aumoyend’unemessagerie instantanée trèsefficace.Dans un autre genre, sur Blurb(fr.blurb.com), il est nécessaire de téléchar-ger ses clichés.Mais le site propose ensuitedes services très innovants comme la possi-bilité de réaliser un livre électroniquepouriPad. Ou encore de vendre directement sesœuvres sur son blog via un «widget».

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8 0123Mardi 22mai 2012

Lemodèle américainmenacépar lahainede l’Etat

Est-ce une nouvelle ère qui s’annonce pour lesecteur ferroviaire et la SNCF? C’est ce qu’acherché à faire comprendre l’entourage deFrançoisHollande,lorsdelacampagneélecto-

rale. Cependant, la nomination au poste de ministredéléguéchargédestransportsetdel’économiemariti-medeFrédéricCuvillier,ledéputé-mairedeBoulogne-sur-Mer, a laissé pantois plusieurs acteurs du secteur.Inconnuaubataillon,ceprochedunouveauprésidentest numéro32 dans l’ordre protocolaire du gouverne-ment.C’estdire laprioritéaffichéedunouvelexécutifpource secteur.

Et pourtant, le nouveau venu a d’importantsdossiers, ouverts par les assises nationales duferroviaire organisées fin 2011, à trancher. Com-ment va-t-il gérer la question de la gouvernancebicéphale du système ferroviaire actuel entre laSNCF, l’opérateurhistorique,etRéseauferrédeFran-ce (RFF), legestionnaireduréseau?Commentva-t-ilpréparer l’ouverture à la concurrence du ferroviai-re, prévue par l’Union européenne à l’horizon2019? Que faire de la dette? Enfin, va-t-il s’attaquerà la réformedu statut et de l’organisationdu travaildes cheminots?

Touscesdossiers, complexes,sont intimementliés.LesystèmeactuelséparantRFFetSNCFpermetaprioril’arrivée plus aisée d’opérateurs concurrents.Mais ceschémacoûtecheren«coûtsdetransaction»puisquela SNCF rémunèreRFF pour faire passer ses trains surle réseau, tandisqueRFF rémunère laSNCFpourréali-ser les travaux de maintenance et de rénovation duréseau…Ubuesque.

De même, la question de l’arrivée d’opérateursconcurrents achoppe sur le dossier social. Selon l’éco-nomiste Nicolas Baverez, le statut et l’organisationactuels des cheminots pèsent aujourd’hui sur la pro-ductivitédusystèmeferroviaire,qui,lui-même,entraî-neunaccroissementtoujoursplusimportantdeladet-te… Pour ses prestations sur l’infrastructure, la SNCFaffiche auminimumdes prix supérieurs de 15% à sesconcurrentsprivées.Danslefret, sestarifssontde25%à30%plusélevés!

Pourévitertout«dumpingsocial»,l’anciengouver-nementafaitcomprendrequelaconcurrencenepour-rait être ouverte, à partir de 2014, qu’au moment oùseraitadoptéun«cadresocialharmonisé».Legouver-nement Ayrault penche également pour ce cadresocial harmonisé afin de l’appliquer sur les réseauxTER. Les régions, privées de ressources, voudraienteffectivement expérimenter des opérateurs alterna-tifsmoinscherque laSNCF.

Pour que la concurrencepuisse arriver, la nouvel-le convention collective ne peut s’aligner sur le sta-tut actuel des cheminots, comme le demandent lessyndicatsdecheminots. Enmêmetemps,perdredes

acquis sociaux est inconcevable pour les syndicats…Unvéritable casse-tête!

SelonGuillaumePepy, lepatronde laSNCF, ilexisteuncheminétroitpourréussir. Il rêveàunremakedelalibéralisationdusecteurdel’énergieenFrancequiper-mettraitdeconserverlapaixsocialedanssonentrepri-se. En 2004, le ministre de l’économie de l’époque,Nicolas Sarkozy, avait «dealé» directement avec lepatronde laCGT-Energie la réformedes retraites.

Dans le cas du ferroviaire, un «deal» similairedevrait être tenté entre le gouvernement et le patronde la CGT. Le gouvernement s’engagerait au rappro-chementdeRFF et SNCFpour reconstruireun groupeintégré auquel sont très attachés les syndicats de laSNCF.Enéchange,cesderniersaccepteraientun«nou-veau pacte social». Les cheminots actuels conserve-raient leur statut, tandis que les nouveaux entrantsseraient recrutés selon de nouvellesmodalités et ver-raient leurorganisationdu travail évoluer.

Cela réglerait à la fois la questionde la productivitéde la SNCF, donc de ses coûts, et d’une des conditionsde la concurrence. En effet, à l’état-major du groupe,onnecachepas savolontéde laisserdespartsdemar-ché à des concurrents si l’on obtient la réunification…A l’imagede laDeutscheBahn (DB)enAllemagne.

Cependant, ce scénario rêvé est loin d’être partagépar tous, notamment RFF qui entend conserver sonindépendance.C’estcette indépendancequigarantirasaneutralitéparrapportàl’ensembledesopérateurs…Carcommel’amontré,débutmars, lepatrondeKeolisAllemagne,unefilialedelaSNCF,devantleBundestag,encontrôlant le réseauet leprincipalopérateurnatio-nal, la DB bénéficie aujourd’hui d’avantages indus etdéveloppedes pratiquesdiscriminatoires vis-à-vis desesconcurrents…

Enfin,unobstacledetaillebouchetoujoursetencorelavoieverscettesolution:ladette.LaSNCFa8milliardsd’euros de dette, tandis que RFF en a plus de 30mil-liards. Les réunifier obligerait la France à requalifier ladetteRFFendetted’Etat,ausensdeMaastricht. Impos-sibleenpériodededisettebudgétaire.

Du coup, si le gouvernement doit donner ses arbi-trages, la SNCF doit également revoir sa stratégie.DavidAzéma, lenuméro2dugroupeet sonprincipalartisan,ad’ailleursdécidédechangerd’air. Il dirigeraà partir de juin la filiale Keolis. Ce sera à Sophie Bois-sard, l’anciennepatronnedeGares&Connexions,dereprendre le flambeau.Enchargede la stratégieetdudéveloppement du groupe, la nouvelle directricegénérale a dupain sur la planche. p

ÉCO&ENTREPRISE I D É E S

l i r e a u s s i

c h r o n i q u e

Grandschantiersà laSNCF

L’or? Quelle histoire, dont les épisodescontinuent de s’écrire au rythme desescoursvertigineux!Moyendepaie-ment frappé dans un métal plus ou

moins pur au rythme des pénuries ou desruées vers l’or ; triomphe de l’étalon-or et findubimétallisme; abandonde la convertibili-té ;substitutiondudollaràl’orcommeétalonen 1944; suspension de la convertibilité dudollarenoren1971: l’orpeutdevenirunesim-ple valeur refuge, consacrée par les accordsde la Jamaïque, en1976,qui signentsinon«lafin du rôlemonétaire de l’or», comme l’affir-meDidierBruneel,directeurgénéralhonorai-re de la Banquede France, dumoins«lamortdu système monétaire de Bretton Woods»…,donnant ainsi raison àMaeWest, qui procla-mait: «Je ne suis pas une chercheuse d’or… Jene prends que les diamants. On ne sait pas si,un jour, l’étalon-orne disparaîtrapas» !

«20%du stock d’or de la planète»Pourtant,« l’or est toujours le symbolede la

puissanceetde la richesse», rappelle l’auteur,qui insistedanscebeaulivresur« l’intérêtdesbanques centrales à son égard». Même sa«démonétisation» ne les a pas empêchéesd’en conserver des réserves… Telle la Banquede France, créée en 1800 par Bonaparte, etdont l’auteur se proposede faire l’histoire.

«C’est le 1er septembre 1933 que [son] stockd’oraatteint sonniveauhistorique leplus éle-vé : 5083 tonnes», au lieu de 2435 tonnesaujourd’hui (dont 100 de pièces, le reste enlingots), alors qu’il n’était que de 7 tonnes en

1811. Des chiffres à comparer avec l’estima-tion des 30000 tonnes des réserves des ban-ques centrales dans le monde, «soit environ20%du stockd’or de la planète».

Cette plongée passe par la visite virtuellede la «salle souterraine» aux 658 piliers,dans le sous-sol de l’hôtel de Toulouse, rueCroix-des-Petits-Champs, à Paris – qui aconduit 1 200 ouvriers entre 1924 et 1927 àretirer « 150000m3 de remblais» –, danslaquelle est entreposé lemétal précieux.

Elle se termine par un voyage dans letemps qui voit la Banque de France, à plu-sieurs reprises, évacuer son or exposé «auxconvoitises de l’ennemi». En septembre1939,35convoisdecamionspuis,plustard, lescroi-seursMarseillaise et Jean-de-Vienne et le cui-rassé Lorraine, poursuivis par les sous-marinsallemandsàtraversl’Atlantique,amè-neront l’or national, plus « les dépôts confiésparunedizainedepaysétrangers», auxEtats-Unis, d’où il contribuera à financer la recons-truction du pays, avant l’entrée en vigueurduplanMarshall. Un voyage qui ne se fit passans pertes (probablement pas pour tout lemonde) pourun total de 395kgd’or… p

Pierre Jullien

Les Secrets de l’or, de Didier Bruneel,Le ChercheMidi, 208 pages, 42 euros.

Valoriser la reconnaissance du travail et des compétencesVoici unouvrage rendud’actualité par le «contrat degénération» duprogrammedeFrançoisHollande. Les auteursdéveloppentdes stratégiespédagogiques – illustréesd’exempleset de témoignages – destinées à favoriser le transfertde compétences«explicites» et «tacites» en entreprise. En cause: les «mutations du travail qui sesontproduites depuis une trentained’années», parmi lesquelles«l’intellectualisationdu travail»ou «l’épuisementduprocessusde séparationdu travail et du tra-vailleur»…Tout cela bien sûr pour «favoriser lemaintiende la compétitivité»…> Transférer les compétences> Robert Diez et Laurence Sarton, Eyrolles, 196 pages, 26 euros

La jungle dumonde du travail : le sérieux n’exclut pas l’humour«Faites valoir vos résultats!», «Monter undossier de harcèlementmoral», «Eviter debrutaliser vos collaborateurs»…Ceguidepratiquedispense conseils et stratégies quivous rappellent que «le premier produit de l’entrepriseà vendre, c’est vous!».> Les 50 règles d’or de la (sur) vie en entreprise

> Jean-Paul Guedj, Larousse, collection lesMini-Larousse, 96pages, 3,55 euros.

Laprééminencehistoriquedes Etats-Unisest le fruit de leurs atouts exceptionnels.Il s’agit d’unepuissance continentalebordéepar des océans à l’est et à l’ouest,

avecdes voisinsnonmenaçantsaunordet ausud. Ils disposent,mêmesi elles sont endiminu-tion,d’immenses ressourcesnaturelles. Ilsconstituentdepuis la finduXIXesiècle la premiè-reéconomiemondiale, avec laplus forteproduc-tionpar tête. L’économieaméricaine, fondéesurlemarché, a égalementété laplus innovantedepuis aumoins lamêmepériode. LesEtats-Unispossèdent lesmarchés financiers lesplusinfluentsdumonde, lesquels, il est vrai, ont été àl’originede laGrandeDépressionetde la récen-te grande récession. LesEtats-Unisémettentdepuis lapremièreguerremondiale laprincipa-ledevisede réserve. Ils représentent l’undesplusgrosmarchés importateursdumonde, sur-passé seulementpar celuide l’Unioneuropéen-ne. Ils alignent l’armée laplus avancée technolo-giquementet lapluspuissantedumonde. Ilsabritentplusde grandesuniversités et d’établis-sementsde rechercheque tout autrepays. Leurculturepopulaire est lapluspuissantedumon-de. Leursvaleurspolitiques continuentà fasci-ner l’imaginairemondial,mêmesi ellesont fré-quemmentété contreditesdans lapratique. Lesystèmedémocratiqueaméricains’est avéré suf-fisamment légitimeet souplepour relever lesnombreuxdéfis que l’histoire lui a lancés.

Forts de ces atouts, les Etats-Unis ont réussi àformerdes alliances solides qui leur ont permisdegagner les guerres, chaudesou froides, qu’ilsontmenées auXXesiècle contre l’Allemagne, leJaponet la Russie. Ils ont façonné l’économiemondialeouverte qui a vu le jour à l’issue de la

secondeguerremondiale avant de s’étendreaumondeentier après l’effondrementde l’empiresoviétique. Ils ontproposé aumonde lesmodè-les les plus influents de lamodernité.Que celanousplaise ounon, nous vivons tous dans lemondequ’ils ont créé.

Quellepart de ces atouts les Etats-Unisconserveront-ilsdans ce nouveausiècle? Lamenace la plus évidentepèse sur leurpositiondepremière économiemondiale. Au tauxdechangedemarché, leur économie reste grossomododeux fois plus importanteque celle de laChine.Mais, selon le FMI, elle ne la devancequede 30%àparité de pouvoir d’achat. Du fait queleproduit intérieurbrut chinoispar tête, à pari-té de pouvoir d’achat, ne représenteencore que20%duniveauaméricain, cela laisse à la Chineune très largemargede rattrapage.Mais il estvraisemblableque la Chine auraune économieplus importante que celle des Etats-Unisdès ledébutdes années 2020.A la différence, parexemple, du Japon, le nombre joue en faveur delaChine. Si sonPIBpar tête atteignait lamoitiéduniveauaméricain, son économie serait équi-valente à celles des Etats-Uniset de l’Unioneuro-péenne réunis. Les exportationsbrutes chinoi-ses debiensmarchands sont d’ores et déjà supé-rieuresà celles des Etats-Unis. Les importationschinoises le seront aussi souspeu. Pays relative-mentpauvre en ressources, la Chine resterapro-bablementunpaysplus commerçant, par rap-port à sonPIB, que les Etats-Unis.

Unequestionplus controversée est de savoirà quelmoment le yuan concurrencera le dollaren tant quedevise de réserve. Auvude la crois-sancedu commerce chinois, onpeutpenserque cela devrait intervenirbientôt.Mais ilconvientde soulignerque l’Etat-parti chinois,n’étantpas soumis à la règle dudroit et redou-tant que les choses lui échappent, ne voudraninepourramettre enplace lesmarchésouvertsde capitauxdont souhaiterontdisposer lesétrangerspourdétenir leurs actifs les plus sûrsenyuans. Il est probable en tout cas que ce chan-

gementde capdemanderanonpas quelquesannées,mais plusieursdécennies.

Enprincipe, les Etats-Unisdevraient égale-ment conserver leur positiondominantedansles sciences et l’innovation commerciale.Maiscomme lemontre EdwardLuce dans son livreTime to Start Thinking: America in theAge ofDescent (AtlanticMonthlyPress, avril2012), lacombinaisonde la xénophobie et de l’hostilitéenvers la science, les contraintes budgétairesauto-infligées et certaines étrangesprioritésdedépense risquent depriver les Etats-Unis deleur accès aux talentsmondiauxet de leur

volontéd’occuper la premièreplacemondialeenmatière de rechercheet d’innovation: «En1990, la Californie dépensait deux fois plus pourses universités que pour ses prisons. Aujourd’hui,elle consacre presquedeux fois plus d’argent auxprisons qu’auxuniversités», écrit-il. Le fait queles Etats-Unis enregistrent le plus fort tauxd’in-carcérationdumonden’est pas seulementunestatistique sociale, c’est aussi un fait économi-que. Il en va demêmedu coût et de l’inefficacitédu systèmede santé américain, qui est la princi-pale raisonpour laquelle les perspectivesbudgé-taires à long terme sont simauvaises.

Une réformeprofondeest doncnécessaire.Or elle est devenue impossible en raisondu rôle

écrasantque jouedésormais l’argent dans lapolitique, ainsi quede l’intransigeancecroissan-te duParti républicain.Dansun système fondésurun gouvernementdivisé, le fait de considé-rer le compromis commeune faiblesse risquedemener àun chaos récurrent.

Parailleurs, l’économieaméricaineneprocè-deplus à la large redistributiondesbénéficesqu’ellepratiquait autrefois.Au coursduderniercycle conjoncturelallantde 2002à2007, les 1%lesplusprivilégiésont empochéprèsdesdeuxtiersde lahaussedes revenus, tandisque les0,1%quioccupent l’extrêmesommetde lapyra-midesociale en raflaientplusd’un tiers.Une tel-le économieà sommenullenepeutqu’alimen-ter lemécontentementet le désespoir. Et la crisea considérablementaggravé la colère.

Tout cela auraun impact sur la capacité del’Amériqueà jouer son rôle historiquedans lemonde. Le resserrementbudgétairequimenacecontraindraàune réductiondes dépensesmili-taires. Plus important encore, la crise financièreet d’autres erreurs graves ont largement enta-mé le prestigequ’avaient jusqu’ici lesmodèlespolitique, économiqueet social des Etats-Unis.

Quoi qu’il se passe aux Etats-Unis, l’influencesur lemonde seramoindre auXXIesiècle qu’ellene l’était auXXe. Malgré tout, les Etats-Unispourraient conserverune influence sans égaledu fait que ses principauxrivaux sont confron-tés à des défis encoreplusvastes.Mais si lesEtats-Unisveulent être ce qu’ils peuvent être, ilsdoivent redécouvrir le pragmatismequi a long-tempsmarqué leur pratiquepolitique, notam-mentdans leur réponse auxdéfis duXXesiècle.Aucunedémocratiene saurait prospérer si sescitoyens considèrent leur propregouverne-ment comme leur plus grandennemi. Si lesAméricains choisissaient de faire échouer leurgouvernement, ce sont les Etats-Unis eux-mêmesqui, immanquablement, courraient àl’échec.p

(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

l e l i v r e

CettechroniquedeMartinWolf,éditorialisteéconomique,est publiée enpartenariatexclusif avecle «FinancialTimes»©FT

GuillaumePepy rêve àunremakede la libéralisationdu secteur

de l’énergie enFrance, qui permettraitde conserver la paix sociale

a n a l y s e LesaffairesenordelaBanquedeFrance

MartinWolf

Philippe Jacquéservice économie

Une réformeprofondeestnécessaire.

Or elle est devenueimpossible en raisonde l’intransigeancecroissante duParti

républicain

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90123Mardi 22mai 2012

Les Français ne sont plus que 37%à accorder leur confiance à lacommunication des entreprises.Un score en recul de 8points par

rapport à l’édition 2010de l’Observatoi-re de l’authenticité de la communica-tion des entreprises (OccurrenceMakheia Group). Le développementdurable convainc de moins en moins:seuls27%yaccordentducrédit! Lacom-munication financière rend sceptiques55% des répondants… Au total, plus de50%desFrançaissontméfiantsvis-à-visdudiscoursdes entreprises.Cettebaissede confiance des Français dans le dis-cours institutionnel des entreprisesrejoint leur opinion générale des politi-ques : 86% d’entre eux s’en méfient,60% ne faisant plus confiance ni à ladroite ni à la gauche pour gouverner(Centre de recherches politiques deSciences Po, Baromètre de la confiancepolitique, 2011).

Les Français qualifient donc de lamême façon le discours institutionneldes entreprises et celui des politiques.Lorsque l’entreprise est accusée d’opaci-té (88%), d’insincérité (83%), demanipu-lation(75%)etfinalementdenon-crédibi-lité (67%), les politiques sont taxés de

malhonnêteté (59%), d’insincérité et denon-fiabilité (48%). Et pour les Français,les techniques sont les mêmes: «gou-rous de la com’», effets d’annonce, rela-tions étroites avec les médias, sondagespermanents,petitesphrasesassassines…

Faut-il, dès lors, s’étonner que la com-munication des entreprises soit jetéeavec l’eau du marigot politique? Com-muniquerdemanière institutionnelle,àdesfinsnondirectementtransactionnel-les, est devenu suspect, alors qu’àl’inverse, à l’exception des publiphobes,la communication des marques est res-pectée en tant qu’information commer-ciale etmêmesouvent appréciée, quandelle esthumoristiqueouartistique.

Restaurer la parole institutionnelle,tel est l’enjeudes entreprises et de leurscommunicants. Il serait bon que lesgrands groupes de communicationséparent leurs activités concernant lespolitiquesdecellesconcernantlesentre-prises… ce qui n’empêche personned’agir à titre individuel.

La question du sensDucôtédesentreprises,laproblémati-

que deméfiance, voire de défiance, ren-voieà laquestiondusens. Il est fréquentque le sens global et profond de l’actionde l’entreprise, non pas ce qu’elle faitmaispourquoiellelefait,nesoitpassuf-fisamment perçu, y compris au sein del’entreprise. De ce fait, les publics inter-nes et externes ne croientpas à ce qu’el-le dit parce qu’ils ne comprennent pasvéritablement ses intentions.

C’est le rôle des dirigeants des entre-prisesd’exprimer le sens de leur action.La communication doit avoir pour pré-occupation de synchroniser sans cesseles publics internes et externes sur lepourquoide l’entreprise.p

I D É E S ÉCO&ENTREPRISE

Redonner des raisons d’espérer àtous ceux dont l’engagementest nécessaire au système toutentier», voilà la recommanda-

tiondonnée il y a treize ans par Luc Bol-tanski et Eve Chiapello (LeNouvel Espritdu capitalisme, Paris, Gallimard, 1999)pour éviter au capitalisme de rencon-trer des difficultés grandissantes.Aujourd’hui, celui-ci est menacé par sa«grandedéformation» sous la pressionfinancière qui résulte notamment dereprésentationsidéologiquesdel’entre-prise : la finance la réduit à des cash-flows actualisés et la considère commelapropriétédesesactionnaires; l’écono-mie et la gestion n’y voient respective-ment qu’une fonction de production etunnœuddecontrats; le droit connaît lasociété de capitaux, mais ignore large-ment l’entreprise.

Orcelle-cinepeutêtreunobjetdepro-priété, ni au sens de l’éthique ni au sensdudroit. Ellemeten jeudes finalitéspro-presauxpersonnesetcontribueàlacréa-tion d’unmonde commun. Lieu d’enga-gement pour ceux qui y travaillent, ellecontribue à leur accomplissement per-sonnel; lieudesocialisationpar letravailet l’échange, elle contribue à la constitu-tiondu lien social ; lieu de production etd’innovation,ellefournitdesbiensetser-vicesutilesetnourrit lepatrimoinecom-mundes connaissanceset savoir-faire.

Pourpermettre à l’entreprisede jouerces rôles sans être totalement détermi-néeparletropismefinancier,ilfautredé-finir son cadre institutionnel. Le droitdoit prendre en compte sa réalité de dis-positif de création collective. L’équilibredes systèmes de pouvoir qui détermi-

nent son fonctionnementdoit être revupouréviterlaprédominancedelasphèrefinancière sur l’entreprise, et des entre-prisesmultinationalessur lesEtats.

Au-delà des représentations tron-quéesqu’endonnent l’économie, la ges-tion, la finance et le droit, l’entrepriseest d’abordun collectif d’hommes liés àunprojetcommun.Elleest fondéesur lalibre adhésion des personnes qui y coo-pèrent. Ce sont d’abord elles qui font etquisontl’entreprise: leurtravailet,plusencore, leurs relations, sont les sourcesessentielles de la création de valeur, etleur engagement, la source de la perfor-mance. L’entreprise est un «corps orga-nique» qui grandit et se transforme ens’adaptant à un environnement évolu-tif et incertain. Parce que son projet sedéploiedansletempsdespersonnesquiy travaillent, son activité et sa vie s’ins-criventdans la durée.

Se référer au bien communIl en résulte des exigences en termes

d’adhésionetdedurée, d’abordpour lespersonnes qui y travaillent, mais aussipour ses partenaires financiers. Or,l’idéologie et la technique financièresvoudraient s’affranchir de la premièrepar la liquidité et de la seconde par desopérations d’actualisation permettantde rapporter au présent les profitsfuturs escomptés. Elles tendent ainsi àcréer un environnement délétère. L’en-treprise repose essentiellement sur lapromesse d’un bien commun en vueduquel une autorité reconnue suscitel’engagement durable dans une actioncollective. Elle doit donc se référerdavantage à la promesse, au-delà ducontrat; au bien commun, au-delà de lapropriété; à l’autorité, au-delà du pou-voir;àl’adhésionetà lacréationcollecti-ve, au-delà de la subordination.

L’entrepriseestunepromesseà tenir,quineleseraquesi ses fondementsulti-mes sont reconnus et son cadre institu-tionnel revu en conséquence.p

Alarecherchedel’«entrepriseresponsable»

XavierdeCuverville

Groupe Atlantic

EdouardRenckerMakheia Group

Dumping social et environnemental,délocalisationset licenciements, tauxde chômage structurellement supé-rieur à 8% depuis presque trente ans,tempspartielsubietprécaritédel’em-ploi maximale pour les moins de

30 ans et les plus de 50 (en particulier pour les fem-mes), travailleurs pauvres, recul de la protectionsociale : autant de maux accrus par une économiefinanciarisée,mondialisée et dérégulée, et que la cri-se déclenchée en2008 est venue exacerber.

Les faitsn’ontpasbesoind’être longuementexpli-qués, mais qu’en est-il des causes? L’une des répon-sesesthélas assez simple: ceuxqui jouentavec l’éco-nomiene sont pas ceuxqui paient les pots cassés.

En trenteans, lenombredesociétésmultinationa-les a été multiplié par dix. Nombre d’entre elles ontacquis un pouvoir supérieur à bien des Etats : à titred’exemple, le chiffre d’affaires cumulé des dix pre-mières sociétés transnationales dépasse les PIB del’Inde et du Brésil. Mais, contrairement aux Etats etaux personnes physiques, ces entreprises n’ont pasde personnalité juridique internationale. Il n’existeque des entreprises nationales ayant des participa-tionsdansdes entreprises étrangères.

Concrètement,celasignifiequ’uneentreprisemul-tinationaledont le siège social est enFrancen’estpasjuridiquement responsable si ses filiales à l’étrangerpolluent l’environnement, exploitent ou maltrai-tent ses salariés ou ses sous-traitants. La dérégula-tion permet aux investissements et aux bénéficesfinanciers de traverser les frontières pour revenir ausiège social dans les pays riches ou de s’arrêter dansdesparadis fiscaux;mais la responsabilité juridique,elle, reste dans les pays où le droit social, environne-mental, fiscal estmoinsexigeantoumoinsappliqué.

C’estdoncenraisondedeuxprincipes«sacrés»dudroitdessociétés, laresponsabilitélimitéeetl’autono-mie juridiquede lapersonnemorale, que les groupesfrançais n’ont presque jamais à faire face au juge enFrance pour des crimes ou délits dont elles seraientresponsablesou complicesdansdes pays tiers.

Et les exemples d’impunité semultiplient. Ainsi,la Courde cassationa puexonérerde responsabilitélegroupeTotalpourlamaréenoirecauséeparlenau-frage de l’Erika au prétexte que c’était «un navireétranger se trouvant en zone économique exclusi-ve», c’est-à-dire hors des eaux territoriales françai-ses. Les juges français seraient donc incompétentspour se saisir du dossier.

Autre exemple, cette fois social : Serge Vanel, denationalitéfrançaise,atravailléde1978à1985pourlaCominak, filiale du groupe Areva au Niger. M.Vanel

estmort à 59 ans d’un cancer du poumon en 2009;safamilledemandequesoit reconnuela responsabi-litéde la sociétémère,dont le siège social est àParis.Selon l’avocat d’Areva, «nous sommes ici en droitnigérien et c’est l’Etat où lamaladie a été contractéequi est concerné». Aux yeux du droit actuel, il a rai-son: ce droit-là ne serait donc pas du côté des victi-mes.

Serait-il utopique de protéger les droits humainsface à un modèle économique devenu prédateur?Les Etats ont pourtant bien accepté des abandons desouveraineté pour protéger l’investissement et lecommerce international, au sein de l’Organisationmondiale du commerce (OMC) par exemple. Ainsi,lorsque sont constatées des entorses au libre-échan-ge, les autorités compétentes appliquent des sanc-tions, y compris extraterritoriales.Or, quand il s’agitdedroitshumainsetdeviolationsperpétréespardesentreprises, lesmécanismes de protection sont sou-ventdes«chienssansdents».Cettedifférencedetrai-tement consacre un principe d’inégalité et non unprincipe de justice. En bref, les droits humains ontaujourd’huimoinsdepoidsquelesdroitsde la finan-ce et du commerce.

Sous pression de la société civile, des textes inter-nationauxontreconnularesponsabilitédesentrepri-ses enmatière de droits de l’homme: c’est le cas desprincipes directeurs des Nations unies relatifs auxentreprises et aux droits de l’homme, ou bien desprincipesdirecteursde l’Organisationpour la coopé-ration et le développement économiques (OCDE) àl’intention des entreprises multinationales. Cettereconnaissance est unpremier pas,mais ces normesdemeurent non contraignantes. C’est en tant quegarantde l’intérêtgénéral que l’Etatdoitmaintenantrendre les entreprises judiciairement comptables deleurs exactions et de celles commises par leurs filia-les, quels que soient le pays, le secteur et le contextedans lesquels elles interviennent.

Une première mesure concrète, déjà discutée envain par deux fois à l’Assemblée nationale, consiste-rait à encadrer la relation entre lesmaisonsmères etleurs filiales en instaurant la «responsabilité délic-tuelledufaitd’autrui».Celafaciliteraitl’accèsàla jus-tice pour les victimes des multinationales, partoutdans le monde, auprès des tribunaux des pays desmaisonsmères.

Amoinsd’êtreprisonniersdeconflitsd’intérêts, leréalismepolitique et le pragmatismene doivent pasempêcher l’audace et la vision d’avenir, notammentpour lesgénérationsfuturesqui, ellesaussi, ontdroità un développement que l’on veut durable. La ques-tiondoitêtreposéeaunouveauprésidentde laRépu-blique: les entreprises peuvent-elles avoir plus dedroits que les citoyens, auNord commeau Sud? p

BaudoinRogerCollège des Bernardins

D’autres débats sur Lemonde.fr>«Pourunenouvelle gouvernancede lapolitiqueagricole commune»,RenéSouchon, ancienministre, présidentde la régionAuvergne>«Réindustrialiser les territoires…chiche!»,GenevièveGaillard,députée-mairedeNiort, GérardAndreck, présidentdugroupeMacifet de la filière Economie sociale dupôle Finance Innovation,MarcDesforges,associé au cabinet CMI, FrédéricGilli, chercheurà Sciences Po.

Enfiniravec l’impunitédesfirmesmultinationales

Uneparoledécrédibilisée

ResponsabilitéparPatBagleyLedessinde«Courrier international»parudans«TheSaltLakeTribune» (Etats-Unis)

Quand il s’agit dedroits humains,lesmécanismes deprotection sont souvent

des «chiens sansdents»

Unepromesseàtenir

«Si les banques foirent, c’est à cause de la réglementation, demêmeque si les conducteurs bourrés ont des accidents,c’est à cause du code de la route.» Sur les panneaux: «Réglementation. Sens interdit»

¶Antonio

Manganellaest chargé

de plaidoyerresponsabilitédes entreprisesau CCFD-Terre

solidaire.

¶Olivier Maurelest professeurassocié à l’IAEGustave-Eiffel(université

Paris-Est Créteil –UPEC), anciendirecteur dumaster 2

Management dela responsabilité

socialedes entreprises

AntonioManganellaCCFD

OlivierMaurelIAE Gustave-Eiffel

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10 0123Mardi 22mai 2012

Qu’est-cequ’unplacementfinan-cier«prudent»? Enprincipe, cha-cunpeutdécider, selonses infor-mationsousespréférences,de lanaturedurisqueacceptable.Mais

iln’envapasdemêmepour les fondsdepen-sionqui, auxEtats-Unis, financent les retrai-tes en investissant les cotisationsdesemployeurset l’épargnesalariale. Pour sécu-riseraumieuxces investissements, la loiaméricaine imposeàces fondsun«principedeprudence».Maiscommentdéfinirunetellenotion?Et surquels critères la justicepeut-elle trancher, si des salariésaccusentces fondsd’avoir été «imprudents»?

Une étudemontreque les juges améri-cains ont su résister aux théories financiè-res dumoment en s’appuyant surtout surlespratiquesdesprofessionnels et les objec-tifs de la loi (SabineMontagne,«Investiravecprudence: les usages d’un impératifjuridiquepar les acteurs du capitalismefinanciarisé», Sociologie du travail, vol.54,n˚1, janvier-mars2012).

Outre-Atlantique,une loi sur les fondsdepensiond’entreprise (EmployeeRetire-ment IncomeSecurityAct) impose à leursgestionnairesd’agir avec «le soin, la pruden-ce et la diligence quemettrait unhommeprudentagissant avecune capacité compa-rable et familier de ce typed’affaires»…Elledisposeaussi qu’ils doivent rechercher «lebénéfice exclusif des salariés». Mais le droitnedonne aucunedéfinitionde «la pruden-ce», laissant auxparties concernées, et auxjuges, la tâched’établir la jurisprudencequiservirade référence.

L’idéede «bénéficeexclusif»Lespremiers litigesontporté sur l’idéede

«bénéfice exclusif». L’administrationacontestéavec succès l’utilisationdes fondsdepensionpour résister àdes tentativesd’OPA,en rachetantdesactionsde l’entrepri-se avec l’accorddes salariés. Car en s’oppo-sant àdes repreneurshostilespourprotégerleurs emplois, les salariésn’agissaientpasdans leur seul intérêt.Dès lors, il fut établique la loiprotégeait des salariésagissant enpurs financiersde leurs retraites, etnonendéfenseursde leur activité.

Pour autant, les jugesn’ont pas suiviaveuglément toutes les recommandationsde la théorie financière. La «théoriedupor-

tefeuille» recommande, par exemple, unediversificationdes investissements visantàminimiser les risques en«mimant lemar-ché». Les juges ont établi a contrariounejurisprudence favorable à l’investissementrégulier dans les actionsde l’employeur, cechoixétant «présuméprudent». Ils ontaussi résisté à la normede la diversificationparcequ’elle dénie l’habileté et la compé-tencedes intermédiaires financiers: ils ontrefuséde qualifier d’«imprudent» uninvestissementpeudiversifié, dumomentqu’il s’appuie sur «une connaissanceet uneexpérience substantielle»du gestionnaire.On retrouve lamême réserve vis-à-vis del’idéeque lesmarchés financiers seraientnaturellementefficients, avec l’affirmationque les informationsnécessairespour éva-luer un investissementne sont pas toutes«encapsulées dans le prix demarché»mais s’acquièrentparune analysed’ensem-ble de lanature des actifs.

De façongénérale, les jugesaméricainsontpréférése référerauxpratiquesenusagedans le secteur.Au fond, et conformémentàl’espritde la loi, leurdéfinitionde la«pru-dence»renvoieauxrèglesde l’artd’unepro-fessionorganiséeet responsable.Pourque lathéorie servedenormealternative, il fautqu’elle s’imposed’abordcommepratiquevalidéeetpartagée.Cetteattituden’estpassansdanger–on l’avuavec la crise financiè-re –, car l’ensemblede laprofessionpeutadopterdes comportements insensés.Maiselle aaumoins lemérited’appréhenderl’idéedeprudenceàpartirde la réalitédespratiques, etnonàpartir d’une imagepeut-être illusoiredesmarchés.En somme,uneprudente leçondemanagement.p

ch ron i q u e

ArmandHatchuelMines ParisTech

Léonor Lumineau

Internetpermetdecréeruneacti-vité professionnelle dans sonsalon,mais pour que l’entrepri-sesedéveloppe, il fautêtrecapa-

blederessortirdechezsoi.»SandrineBenattar a donc créé, avec quatreautresassociées,une troisièmevoie,entre travail à lamaisonet carcandel’entreprise : Soleilles Cowork, unespacede travail collaboratif à Paris.Le concept est inspiré de ce qui sefait notammentauxEtats-Unis.

Les entrepreneurs indépendantspeuvent y louer un lieu de travaildans l’open space selon différentesformules. Toutes reviennentmoinscherà l’annéequela locationd’un bureau en indépendant.Plusieurs services y sont proposés:salles de réunion, événementsprofessionnels, Wi-Fi, imprimanteet uncoinmachine à café. Les avan-tagesde lavieenentreprisesans lesinconvénients. Parmi sa soixantai-ne de membres, l’endroit accueillepour l’instantmajoritairement desfemmes. Mais ses fondatricesespèrent établir unemixité.

Sandrine Benattar voit cet espacecomme «un réseau social physique,bonpour lemoralmais aussi pour lebusiness». Car l’idée ici est que les«sansbureaufixe»puissentretrou-ver un réseau professionnel mis àmal par l’indépendance. Pour San-drineBenattar,« les femmesont ten-dance à vouloir être des bonnes élè-ves capables de tout faire. Mais pourdévelopper une entreprise, il y a unmoment où il faut savoir travailleravec d’autres». Une idée tirée de sapropre expérience.

Comme de nombreux indépen-dants, Sandrine Benattar travaillaitde chez elle. Malgré des avantages,elle a vite ressenti les limites de cemodedetravail : isolement,difficul-tés pour s’arrêter, manque de pro-ductivité, problème de statut ausein de la famille, etc. Et la chefd’entreprises’estvite renducomptequ’elle n’était pas la seule à rencon-trer ces difficultés. Le projet deSoleillesCowork a germéainsi.

Cette pro du marketing est une«mompreneur », ou «mamanentrepreneur». Elle fait partie deces femmes qui veulent toutréussir sans rien sacrifier,mamansprésentes mais aussi épanouiesdans leur travail. « Je voulais avoirun emploi du temps flexible pourmes enfants en bas âge. L’idée étaitaussi de créer un business qui avait

du sens pourmoi», explique-t-elle.En2002, l’anciennecadreenmar-

ketingpasséeparFisherPriceetMat-tel crée donc sa propre société. Uneaventurerenduepossible«parInter-net, qui permet de développer sonentreprise de chez soi ». Son siteEnfandises.com,son«bébédeplus»,commeelledit, est néd’unepassionpour lesmots d’enfants.

Le principe: les mères postent lesphrases rigolotes de leurs enfants,comme «Ne me regarde pas sur ceton!» (Lucien, 3 ans), ou «Maman,est-ce que ce sont les poules quimet-tent la date sur les œufs?» (Thomas,4 ans). A partir de ces petites perles,Sandrine Benattar a développé unevente de licences. Des entreprisescomme Amora ou Vertbaudet ontpar exemple acheté les droitsd’exploitation de certaines phrasespour lesapposer sur leursproduits.

Aujourd’hui,à48ans,ellesouhai-te céder son site Internet pour seconsacrer entièrement à ce nou-veau business du coworking. Dansses cartons, l’idée de développerd’autres espaces sur le modèleSoleilles Cowork. Car, elle en estconvaincue, les femmes vont êtrede plus en plus nombreuses à créerleur entreprise.p

Finance: lescritèresdela«prudence»

e n b r e f

NathalieQuéruel

C’est une image de la mondialisa-tion: le directeur italien d’une usi-ne Whirlpool à Amiens s’adresse àsesemployésenanglais, allocution

traduiteparsonassistante.Désormais,nom-bre de salariés travaillent dans la langue deShakespeare ou son succédané, le «glo-bish», mot-valise combinant «global» et«english». Dans le baromètre stressdu syn-dicat CFE-CGC de décembre2011, 37% descadres interrogés disent utiliser une autrelangue que leur langue maternelle quoti-diennement ou régulièrement. Avec de lafatigueà la clé.

C’est le cas de Cécile, responsable desessais produits chezWhirlpool: «On s’habi-tue, mais on ressent une tension permanen-te,parcraintedemalcomprendreoudefairedes erreurs.» Informaticien dans un grandgroupe français du transport, Jean-Claudejugesonanglaisassezbon.«Maisaprès troisheuresderéunion, je sorsépuisé,raconte-t-il.Lesdifficultés s’accentuent lorsdes conféren-ces téléphoniques, et davantage si un anglo-phoneparlant à toute allure yparticipe.»

Selon lebaromètre, si 61%des cadresesti-ment que travailler dans une langue étran-gère les valorise, 45% avouent que cettecontraintelesplacedansunepositiondefai-blesse. «Convaincre de la pertinence d’unesolutiondansunanglaisdontvousnemaîtri-sezpaslesnuancess’avèrecompliqué»,expli-queFrançoisSchmets,déléguésyndicalCFE-CGCchezAlcatel-Lucent.Avec la concurren-ceauseindeséquipes,celanerendpaslecol-laborateur serein. Sur le blog de la CFTC deHewlett-Packard, un salarié se décrivant«grouillot de base» redoute son entretiend’évaluation avec sonmanager non franco-phone: «Je parle un anglais technique tousles jours,maisjenesaisispastoujourslessub-tilités de mes interlocuteurs anglophoneslors des conférences téléphoniques, ni pour-quoi certaines interventions font rire oupro-voquentdes silences.»

Danslesorganisationsmatricielles,lechefparledemoinsenmoinsla languematernel-ledesessubordonnés:«Pourdiscutersavoir-être, évolution de carrière ou simplementnégocier ses objectifs personnels, la barrièrelinguistique peut devenir un handicap. Mesentretiens n’ont jamais été aussi courtsqu’avec desmanagers allemands!», indiqueunesyndicalistedugroupe chimiqueBASF.

BernardSalengro,chargédelasantéautra-vail à la CFE-CGC, pointe le coût psychiquedûà cette charge cognitive supplémentaire:

«Beaucoupfont semblantd’êtrebilinguesoupolyglottes et l’effort pour se mettre auniveauleurcasselatête.Sanscompterlesenti-ment de déqualification, voire d’exclusion.»Dans les entreprises, le problèmeémerge enfiligrane dans les négociations sur la qualitéde vie au travail. Comme chez Alcatel-Lucent, où l’internationalisationde l’organi-sation, avec son corollaire linguistique, a été

reconnuefacteurde risquepsychosocial.Ouau sein de BASF France, dont l’enquête «dia-gnostic santé» réalisée en 2010montre quel’obligation de travailler dans une langueétrangèregénèredu stress.

Les compagnies ne mégotent certes passur la formation. A l’instar d’ArcelorMittal:«Moins de 15% de nos employés sont anglo-phones et la route est encore longue pourobtenir de bons niveauxd’anglais au sein denotre firme mondiale. D’où d’importantsinvestissements dans le développement descompétences linguistiques», relate Chris-

tianStandaert,directeurgénéraldel’univer-sité d’entreprise.Avec différentes formules,du stage en immersion au e-learning, enfonction des exigences du poste. En février,le groupe sidérurgique a déployéune plate-formemondialed’autoformationpour l’an-glais, le français, l’espagnol, l’italien et l’alle-mand.VeoliaEau,quiaadoptél’anglaiscom-me outil de communication il y a trois ans,recourt moins aux interprètes et traduc-teurs : dans son centre interne, près de700 personnesbûchent sur l’anglais, l’espa-gnol ou le chinois. «Des formateurs visitentchantiers et usines pour adapter l’enseigne-ment à leur univers professionnel», assureHelenKettles, directrice.

Hormis l’apprentissageau forceps, la ges-tion des langues ne fait pas l’objet d’uneréflexion dans les entreprises. « Ellesauraient intérêt à cartographier les compé-tences linguistiques,parexemplepouragen-cer les équipesdifféremment»,propose Jérô-meSaulière,doctorantàPolytechnique.Cer-taines remodèlent toutefois l’organisation.Leprogramme«bien-être»d’HPFrancemetenplacedes«hostmanagers», relais locauxdu responsable hiérarchique se trouvantsouventdansunautrepays.«C’est undébutde réponse, car il pourra intervenir, notam-ment pour les entretiens de carrière enanglais, s’il y a des incompréhensions», relè-ve Fabrice Munier, délégué syndical CFTC.Qui y voit un relais «plus humain que lamachine lointaine à donner des ordres dansune langue étrangère».p

ÉCO&ENTREPRISE M A N A G E M E N T

Marché du travail

Lespropositionsde réformede l’InstitutMontaigneDansune étudepubliée le 2mai, « Insatisfactionau travail : sortir de l’ex-ception française», l’InstitutMontaigne avancedes propositionspourflexibiliser lemarchédu travail. Constatant l’échecdes réformes successi-ves, l’économisteEtienneWasmer suggèred’améliorer le systèmede ruptu-re conventionnelle à travers un systèmedebonus-malus; de faire varier lemontantde l’obligation légalepour la formationprofessionnelle en fonc-tiond’objectifs ciblés; d’offrir des formationsportables et certifiées, quidoiventpouvoir être valoriséesd’un secteur à l’autre ; et, enfin, d’ouvrir lesdroits à l’assurance-chômageen fonctionde l’anciennetédans la carrière.p

Fonction publiqueUn décret organise la parité des cadresPour rééquilibrer la présencedes femmesdans les emplois supérieursde lafonctionpublique, undécret du 30avril définit lesmodalités demise enplace desquotas de 20%dans lesnominationsdès 2013, 30%àpartir de2015 et 40%dès 2018. Environ5000emplois sont concernésdans les troisfonctionspubliques – d’Etat, territoriale et hospitalière. En cas denon-res-pect de ces quotas en 2013, la contributiondue est de 30000eurosmulti-pliéspar lenombredenominationsmanquantespour atteindre le quota.

RectificatifLaphotoprésentée commeétant celle deMe PhilippeBrun, publiée dansnotredossier du 15mai, n’était pas la sienne. NousprionsPhilippeBrunetnos lecteursdenous excuserpour cette erreurd’origine technique.

Un«réseausocialphysique»aveccollègues

etmachineàcaféSandrineBenattar s’est associéeavecd’autres

indépendantspourpartager expérienceetmatériel,etdonnerunenouvelledimensionàsonactivité

L’idéede SoleillesCowork est depermettre aux

«sans bureau fixe»de retrouverun réseau

professionnelmis àmalparl’indépendance

ChezAlcatel-Lucent,l’internationalisation

de l’organisationa été reconnue facteurde risquepsychosocial

e n s i t u a t i o n

OLIVIERMARBŒUF

Enentreprise, l’anglaisest leplussouventlalanguedustress

F O R M A T I O N | Nepluscommuniquerdanssa languematernelleautravailpeutgénérerchez lescadresunsentimentdedéqualification,voired’exclusion

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110123Mardi 22mai 2012

Impôts

Le fisc aide les contribuables à remplirleurdéclarationde revenusPendant toute la campagnede déclarationde l’impôt sur le revenu, laDirectiongénérale des finances publiques (DGFiP) renseigne et accom-pagne les contribuables dans leurs démarches. Les 2400 centres desfinances publiques ontmis en place un accueil de proximité où les usa-gers peuvent poser leurs questions sur le calcul et le paiementde l’im-pôt. Des permanences sont, par ailleurs, assurées par des agents de laDGFiPdans certains lieux publics comme lesmairies,maisons deretraite, foyers, supermarchés, etc. Un accueil en ligne, via le site Inter-net impôts.gouv.fr, permet aussi de poser des questions. Par télépho-ne, les contribuables peuvent également se renseigner soit en compo-sant le numéro de leur centre des finances publiquesqui figure surleur déclaration, soit au0810 46 76 87, en semaine de 8heures à 22heu-res et le samedi de 9heures à 19heures p

Immobilier

Lesnotaires anticipentune forte baissedes transactions en 2012LesNotaires de France estimentque si les tauxd’intérêt restent stableset si le changementde législationannoncé sur l’encadrementdesloyersne dissuadepas les investisseurs, la baissedes transactionsdelogements anciens en 2012pourrait être de l’ordrede 10%ou 15% en2012, soit unvolume compris entre 700000et 740000 transactions.Dans ce scénario, la baissedesprix en 2012 «devrait êtremodérée, de l’or-dre de 5%à 10%, plus près de 5% sur lesmarchés attractifs et tendus, plusprès de 10% sur les autresmarchés».A l’inverse, si les tauxd’intérêtremontent et si les nouvellesdispositions législatives se révèlentcontraignantes,« le volumede transactions passeraau-dessous de700000avecdes baisses deprix égalementbien accentuées». p

Durcissement des conditions d’accès au crédit en avrilAprèsunpremier trimestre stable, les conditionsd’octroi des crédits àl’habitat se sont légèrementdurcies enavril : 13,2%des banques interro-géespar la Banquede France ontdéclaré avoir revu à lahausse leurs cri-tères d’attribution lemois dernier. Les banquesneprévoient pas demodifier leurpolitiquede crédit audeuxième trimestre.

Lille, capitale des taux de crédit les plus basEnmai, c’est à Lille que les emprunteursont obtenu lesmeilleurs tauxde crédit immobilier, selon lepalmarèsmensuel établi par le courtierMeilleurtaux.com.Dans la capitale des Flandres, unbondossier obte-nait enmoyenneun tauxde 3,20%sur quinze ans, 3,40%sur vingt anset 3,75% sur vingt-cinqans.Marseille gagnequatreplaces dans ce classe-ment et se hisse pour la première fois audeuxième rang, devantNan-tes. Paris arrive en sixièmeposition.

Les prix flambent en Corse et baissent dans leHaut-RhinSelon les indicesNotaires de France/Insee, la haussedes prix sur unanest restée forte auquatrième trimestre 2011 en Ile-de-France: 10,6%pour les appartements et 5,7%pour lesmaisons. Elle est plusmodéréeenprovince avec une augmentationde 2,7%pour les appartements etde 1,3%pour lesmaisons. Auniveaudépartemental, les variationsdeprix entre les derniers trimestres2010 et 2011montrentde fortes dispa-rités. La hausse est supérieure à 12%enCorse-du-Sud, et 25%enHaute-Corse. En revanche, leHaut-Rhinenregistre desbaisses de 1%pour lesappartementset 6,9%pour lesmaisonsanciennes.

C l i g n o t a n t

JérômePorier

Douzeansaprès l’éclatementde labulle spéculative sur les valeursInternet, des entreprises «high-tech» fontdenouveau les beaux

joursdeWallStreet.Enavril,Appleestdeve-nu la première capitalisationmondiale. LafirmedeCupertino«pèse»376milliardsdedollars en Bourse (296milliards d’euros),davantage que le pétrolier américainExxon. Le titreGoogle, introduit sur leNas-daq à 85dollars en août2004, s’échange àplus de 600dollars. Et Facebook, qui a faitses premiers pas sur le Nasdaq le 18mai,vaut déjà plus de 100milliards de dollars.Du jamais-vu pour une société créée huitansplus tôt.

Dans la technologie, les succès rappor-tent gros, mais ils sont rares. En Bourse, laliste des fiascos de la techno est longue :RIM (Research in Motion), Nokia, Sony,Yahoo!, Palm, Motorola, Alcatel, Technico-lor (ex-Thomson), STMicroelectronics…Lescimetièresde la SiliconValley sont remplisde stars éphémères. Il a suffi que le cana-dien RIM, l’inventeur du BlackBerry, loupele virage des écrans tactiles et des applica-tions en 2007 pour que son titre plonge. Etil n’est jamais remonté à la surface. «Dansce secteur, la roue tourne vite. Et lorsqu’uneentrepriseestdépassée, il est rarequ’elle rat-trapesonretard.Ce fut le cas il yadixansdeYahoo! face à Google», commente Sébas-tien Korchia, responsable des gestionsactions chezMeeschaertAM.

La rapidité des évolutions technologi-ques complique la tâche des gérants defonds spécialisés dans les valeurs techno-logiques.Morningstarrecenseunequaran-tainedeproduits commercialisés en Fran-ce. En moyenne, ils affichent un gain de1,23%sur cinqans.Uneperformancehono-rable comparée à celle du Dow Jones(–6,6%), et nettement supérieure à celle duCAC40(–36,1%),plombéparlesvaleursban-caires. Surdixans, les fonds techno(–0,9%)sontbattuspar leDowJones (+10,8%),maisfontmieuxque l’indiceparisien (–31,7%).

Plusieurs arguments plaident aujour-d’hui en faveur d’un retour en grâce de latechno en Bourse. D’abord, le poids du sec-teur le renddeplusenplus incontournablepour les gérants. «Si elle reste marginaledans les indices européens, la technologiereprésente 20% de l’indice américain S&P 500», précise Benoît Flamant, direc-teurgénéraldelasociétédegestionITAssetManagement. Mais c’est surtout la façondont le secteur est perçu qui a changé.Après l’éclatement de la bulle spéculativeen 2000, les investisseurs s’en étaientdétournés, le jugeant trop risqué. Douzeans plus tard, «la technologie fait partie duquotidien des consommateurs. Les gens sesonthabitués àutiliser les baladeursnumé-riques, les smartphones ou les tablettes»,note Wesley Lebeau, gérant du fonds SG

ActionsMondeTechno.Uneopinionparta-gée par Sébastien Korchia, qui ajoute: «En2000, la plupart des sociétés technologi-ques n’avaient ni client ni chiffre d’affaires,et recherchaient des capitaux. Aujourd’hui,tout a changé: ces sociétés ont des clients etcertaines regorgent de cash.» Autre signe

dematurité, pour la première fois en 2012,lesecteurtechnologiqueestceluiquivaver-ser le plus de dividendesauxEtats-Unis.

Comment doivent procéder les épar-gnants souhaitant «pimenter» leur porte-feuille avec des valeurs technologiques?« Je déconseille d’investir en direct en ache-tant des actionsApple ouFacebook, répondChristophe Foliot, responsable de la ges-tion actions internationales à la Compa-

gnie financière Edmond de Rothschild. Il ya trop peu de visibilité sur l’activité de cesentreprises. Les attentes sont très fortes, lerisquede déceptionaussi.»

Acheter une part d’un fonds spécialiséest lemeilleurmoyendes’aventurersurcesecteur à fort potentiel en limitant les ris-ques. D’autant que l’offre est abondante:la plupart des banques proposent aumoins un fonds techno dans leur gamme.Attention, les écarts deperformances sontspectaculaires: sur cinq ans, le meilleurfonds est Franklin Technology (FranklinTempleton), qui gagne 36,7% selon Mor-ningstar, tandis que le moins bon, KBCEquity Euro Telecom&Technology (KBC),perd 39,3%. Sur la même période, lemeilleur fonds français est MAM ActionsTechnologie et Croissance (MeeschaertAM), qui gagne 21,8%.

La plupart des valeurs technologiquesétant cotées sur le Nasdaq, c’est aux Etats-Unis que se trouvent lesmeilleurs expertsdu secteur. Pour nepas se tromper, la solu-tion la plus simple consiste à faire confian-ceauxspécialistesaméricainsde la techno-logie.Parexemple,HendersonHorizonGlo-bal Tech (Henderson) et JPM US Technolo-gy (JPMorgan) font partie des fonds lesmieuxnotés parMorningstar.p

e n b r e f

LesOPCI décollent enfinLes actifs sous gestiondes organismesdeplace-ment collectif immobilier (OPCI) ont doubléentre2010 et 2011, pour atteindre 23milliardsd’eu-ros, a révélé le 15mai l’Institutde l’épargne immobi-lière et foncière (IEIF). Créés en 2005, ces produitsétaient censés concurrencer les sociétés civiles deplacement immobilier (SCPI) enassurant à leursouscripteurune liquidité équivalente à celle dessicav.Mais les bonnesperformancesdes SCPI, quiont encore rapporté enmoyenne4,35% l’andernier,ont retardé leurdécollage. Lenombred’OPCI a pro-gresséde68%en 2011 pour atteindre 161 unités,donthuitOPCI ouvertes au grandpublic pourunencoursde 220millions d’euros.p J.Po.

A R G E N T ÉCO&ENTREPRISE

EnBourse, l’eldoradodesvaleurstechnologiquestientsouventdumirage

Apple,Google, Facebook…Derrièreces réussiteséclatantessecacheuneréalitémoinsrose.Passerpardes fonds«techno»estplusprudent

Acheterunepart d’un fondsspécialisé est lemeilleurmoyende s’aventurer surce secteur à fort potentielen limitant les risques

Plusfortesbaisses

PEles plusfaibles

Évolution des indices boursiers, en points

Les plus gros écarts sur 5 ans, en % Classement par PE* 2013

Un secteur technologique à hauts risques

Source : Bloomberg(* Multiple de capitalisation des bénéfices)

Plusfortes

hausses

PEles plusélevés

+

CAC 40

Nasdaq

2007 2008 2009 2010 2011 2012

Nokia

Alcatel-Lucent

RIM

STMicroelectronics

Hewlett-Packard

Apple

Amazon

Samsung

Dassault Systèmes

– 88,55

– 87,77

– 79,46

– 72,83

– 49,54

+ 415,59

+ 263,23

+ 122,83

+ 65,85

SAP + 40,23

5,6

6,23

7,95

9,06

9,16

165,31

92,10

85,74

73,45

32,57

Hewlett-Packard

RIM

Alcatel-Lucent

Samsung

Cisco

Linkedin

Amazon

Salesforce.com

Groupon

Zynga

2 901,27

3 067,40

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

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*Classement Médiamétrie NetRatings avril 2012, catégorie Emploi / Carrière

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REPRODUCTION INTERDITE LEMONDE/MARDI 22MAI 2012/13

>Dirigean

ts,Intern

ational,Ed

ucatio

n

Retrouvez nos offres sur www.lemonde.fr,pour les postes situés en région www.regionsjob.com• www.estjob.com • www.pacajob.com• www.nordjob.com • www.rhonealpesjob.com• www.ouestjob.com • www.sudouestjob.com

M Publicité - Service Emploi : 01 57 28 39 11 - Service direct : 01 57 28 39 74 - [email protected]

■ Dirigeants■ Finance, Administration, Juridique, R.H.■ Banque, Assurance■ Conseil, Audit■ Marketing, Commercial, Communication■ Santé■ Industries & Technologies■ Éducation■ Carrières internationales■ Multipostes■ Carrières publiques

Nous rappelons à nos lecteurs que tous ces postes sont accessibles sans discrimination notamment de sexe ou d’âge.

Service public funéraire de l’agglo-mération Lyonnaise s’inscrivant dans uncontexte concurrentiel, les Pompes FunèbresIntercommunales sont un établissement publicregroupant 85 personnes et doté d’un budget de7,5 millions d’euros par an. À la suite du départ enretraite de l’actuel titulaire du poste, l’établissementrecherche son :

Directeur Généraldes Services h/f

Directement rattaché au Président, vous dirigez l’établissementdes Pompes Funèbres Intercommunales en vous appuyant sur uneéquipe transversale. Pour cela, vous définissez la stratégie dedéveloppement de l’établissement en l’adaptant aux évolutionstechniques, économiques et juridiques du marché des pompesfunèbres, et vous conduisez la politique RH ainsi que les relationsavec les instances représentatives du personnel. Vous assurez lesrelations avec l’environnement institutionnel, économique et socialdes PFI, ainsi qu’avec les partenaires extérieurs. Vous adoptez unrôle de conseil auprès des élus et les accompagnez dans l’élaborationdes projets dont vous assurez le suivi et la mise en œuvre. Vousimpulsez et mettez en œuvre la politique commerciale del’établissement et vous vous impliquez au quotidien dans l’activitéopérationnelle de l’établissement. Dans ce cadre, vous coordonnez etmanagez directement l’équipe de direction ainsi que les personnelsdes différents services (agents techniques et administratifs pourmoitié sous statut public). Enfin, vous supervisez la gestion de lastructure, sur le plan financier, budgétaire, administratif et juridique.

Diplômé de l’enseignement supérieur, idéalement de formationcommerciale, ou vous disposez d’une expérience significative dedirection dans un établissement de service à l’usager ou au seind’une collectivité territoriale. Développeur et homme/femme deterrain, vous êtes rompu au management de proximité, vous faitespreuve de fortes qualités de leadership et de conduite de projetsmulti-partenariaux. Vous disposez d’une connaissance reconnue dufonctionnement de la fonction publique territoriale et de la relationavec les élus. Excellent communicant et force de proposition, vousêtes reconnu pour votre rigueur, votre capacité d’organisation ainsique pour votre adaptabilité à un domaine professionnel sensible telque le milieu funéraire. Vous souhaitez vous investir dans uneorganisation en mutation profonde en plein développement, auservice de l’intérêt général ? Rejoignez-nous !Poste basé à Lyon 7ème.

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L’Etablissement public du parc et de la grande halle de la Villette,établissement public industriel et commercial à vocation culturellerecrute son

Directeurde la communicationet des publics H/FRattaché au directeur général, vous accompagnez le projetd’établissement et consolidez l’image de la Villette et la politiquedes publics, vous proposez et coordonnez les solutions numériquesau service des publics.Vos missions les plus significatives portent sur : • L’animation et la coordi-nation de la direction de la communication et des publics de l’établissement dansles secteurs suivants : la communication externe et événementielle ; la médiationculturelle ; l’accueil et la billetterie ; les ateliers et visites ; les études de publics ;le pôle administratif et de gestion de la direction • Vous encadrez et optimisezune équipe d’une cinquantaine de personnes • Assurez les arbitrages budgé-taires de leur préparation à leur exécution • Déclinez et traduisez le projetde l’établissement dans tous les secteurs (programmation culturelle, exploitationet aménagement du parc).

De formation supérieure vous justifiez de 10 à 15 ans d’expérience dans lacommunication acquise en lien avec le secteur culturel. Votre expérience de lagestion et de l’encadrement d’équipe est confirmée. Vous êtes diplomate,excellez dans la communication orale et écrite et disposez d’une forte capacitéà assumer un volume de travail important. Réactif, vous possédez une bonneconnaissance des médias, des nouvelles technologies et un vif intérêt pour lescontenus artistiques, la politique des publics et pour le spectacle vivant.Bon niveau d’anglais.

Fiche de poste complète téléchargeable sur notre web :www.villette.com

Poste en CDI à pourvoir au 1er septembre 2012.

Dossier de candidature à adresser sans photo à :[email protected]

Notre client est la filiale d’un groupe intervenantdans le domaine de l’habitat et du logement social(350 collaborateurs) sur le territoire national.Pour cette ESH dotée d’un patrimoine immobilierconséquent nous recherchons un profil de :

ResponsableAdministratif et Financier H/F

Membre du comité de direction, vous organisez et supervisezles services comptables/financiers et managez une équipe de10 collaborateurs.

Tâches principales : • Pilotage de la comptabilité générale etanalytique avec révision des comptes et élaboration des étatsfinanciers annuels • Participation à l’élaboration des budgetsélaborés par les différents services • Suivi des différentes opérationsde financement liées à la maîtrise d’ouvrage • Reporting et conseilauprès de la Direction Générale en interface avec la DirectionFinancière du groupe • Responsabilité du service informatique paroptimisation de l’infrastructure et des équipements dédiés.

Profil : Diplômé Bac+4/5 en Gestion/Finances, vous justifiez d’uneexpérience minimale de 5 à 10 sur une fonction similaire avec deréelles compétences managériales. Vous maîtrisez également lesoutils et logiciels comptables (connaissance de SAGE appréciée).Vos capacités d’analyse et de synthèse liées à votre sens de l’orga-nisation et de la méthode seront des facteurs clé de réussite survotre mission au sein d’une entreprise bénéficiant d’une image trèspositive sur son territoire !

Poste basé sur le département de la Loire.

Postulez par mail sous la référence SL/RAF/0512/MD à l’adressemail suivante : [email protected]

The University of Luxembourgis a multilingual, internationalresearch University.

The University of Luxembourg invites applicationsfor the following vacancy in its Faculty of Languageand Literature, Humanities, Arts and Education:

Professor of Economics (M/F)Ref : F3R-INS-PFN-12PECO • Employee status • Full-time

Further information can be found on :

www.uni.luunder The University is recruiting

The University of Luxembourgis an equal opportunity employer.

Applications (in French, German or English) withclear reference to the position should be sent in printedform until 15th July 2012 to the following address :

University of Luxembourg • Professor Michel MargueDean of the Faculty of Language and Literature, Humanities,Arts and Education • Campus Walferdange, BP2L-7201 Walferdange

All applications will be handled in strict confidence.

recherche

DIRECTEUR GÉNÉRAL DES SOCIÉTÉS SARA ET SERMONT H/FN°1 dans les Hautes Alpes, SARA Résidences de tourisme construit, commercialise et exploite près de 2 000 appartementssur 6 stations de ski.SERMONT est titulaire de la concession d’aménagement de Risoul (urbanisme, pistes et remontées mécaniques). Située entre leparc national des Ecrins et le parc régional du Queyras.Risoul 1850 est une station de montagne de nouvelle génération, reconnuepour son caractère écologique. Son domaine skiable - La Forêt blanche - bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel et d’un ennei-gement artificiel sécurisé. ReliantVars à Risoul, il compte 185 km de pistes et il est classé parmi les 15 premiers domaines de France.

De 80 à 400 salariés assurent l’ensemble de l’activité de ces deux structures à forte saisonnalité.

Sous l’autorité directe du président des deux sociétés, vous managez les équipes, pilotez le développement et la gestion des activités.Vos objectifs : • optimiser la gestion de l’activité et la maîtrise des coûts • sécuriser les temps forts.Vous assurez les relations

avec les partenaires quotidiens des deux structures.

Votre expérience significative dans le secteur touristique confirme une connaissance approfondie du marchédes résidences du tourisme, un sens aigu du développement commercial et une solide culture de gestion.Vousêtes particulièrement exercé au contrôle de gestion, mais aussi à la gestion des achats et des partenariats.Manager reconnu, vous montrez des qualités en terme de leadership, de mobilisation et de communication.Homme ou femme de terrain, vous êtes capable de gérer des décisions stratégiques et d’en superviser la miseen œuvre au quotidien.

Poste de cadre en CDI, à pourvoir de suite. Résidence obligatoire à proximité de Risoul ou d’Embrun (fortedisponibilité à prévoir).

Rémunération de cadre supérieur attractive, en fonction du profil et de l’expérience.

Merci d’adresser lettrede candidature et CV,à ISNEL CONSEILS,Le management des Liens,3 avenue Joseph Etienne,13007 Marseille et par mail à :[email protected] la réf. MI 05 100512,avant le 15 juin 2012.

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nursery and primary school teachersASAP:One fully qualified 1st grade school teacher (QTSor similar) for bilingual French/ English program (French official curriculum) – to substitute for teacher on sick leave.

September 1st, 2012 : Two fully qualified nursery, K and primary school teachers(QTS or similar) for bilingual French / English program (French official curriculum)

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dans le cadre de sa croissancerecherche pour la rentrée prochaine :

Enseignant(e)en MathématiquesCertifié EN + Expérience en Lycée(Campus Qingpu).

Enseignant(e) en Mathématiqueset Sciences PhysiqueCertifié EN (poste Collège Pudong)

Enseignant(e) Spécialisé(e)Maître G

Assistant(e) d’Education

Assistant(e)du Chef d’établissementBilingue Anglais/Français.

Tous ces postes sont détaillés sur le site du LFS : www.lyceeshanghai.orgCV + LM à transmettre sur [email protected] de permettre l’obtention du permis de travail vis-à-vis des autorités chinoises lescandidats devront justifier d’un Diplôme Bac + 3 minimum + 2 ans d’expérience pourles Enseignants et 5 ans pour les autres fonctions.

The Open Society Foundations seeks a

Director for the Open SocietyInitiative for Europe (OSIFE)

The Director of OSIFE is a new position responsible for expanding what has begunas a program of research and dialogue into a broader set of programs respondingto the present crisis in Europe while strengthening European society over the longterm. Applications are accepted on a rolling basis and early submissions arestrongly encouraged.

Please visit:www.soros.org/about/careers for the full job description. The locationof this position is to be determined.

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14/LEMONDE/MARDI 22MAI 2012 REPRODUCTION INTERDITE

L’École nationale supérieuredes Arts DécoratifsRecrute au 1er octobre 2012

1 EnseignantHistoire des arts et des civilisationsL’enseignant, titulaire d’un doctorat et HDR, est un spécialisteconfirmé en Histoire des arts et des civilisations, ouvert à l’an-thropologie et pleinement informé des enjeux de la créationcontemporaine.Il/ elle devra intervenir dans différentes années du cursus etêtre force de proposition enmatière de Recherche. Il / elle par-ticipera aux relations de l’École avec ses partenaires du PRESParis Sciences et Lettres - Quartier Latin.Contratd’établissement (par voiededétachement le cas échéant)6h d’enseignement hebdomadaires (hors suivi demémoireset participation aux jurys).

1 EnseignantDesign Vêtement et Design Textile etMatièreL’enseignant est un professionnel exerçant dans les domainesde la création liée au vêtement et au textile, ayant une expé-rience confirmée en matière de problématiques contempo-raines et d’innovation (nouvelles technologies, développementdurable, nouveauxmatériaux…).Il/ elle interviendra dans différentes années du cursus.Il/ elle sera force de proposition enmatière de recherche.Contrat d’établissement d’un an renouvelable.9h d’enseignement hebdomadaires (hors suivi demémoireset participation aux jurys)

Enseignant(s)« Accessoires » pour le secteur Design VêtementL’enseignant ou les enseignants sont des professionnels exer-çant dans lesdomainesde la création liée auxbijoux, chapeaux,chaussures, maroquinerie et petite maroquinerie (recherche,conception et réalisation) ayant une approche ouverte à la créa-tion contemporaine et à l’innovation.Ils / elles devront intervenir dans différentes années du cursusdu secteurDesignVêtement et travailler en étroite relation avecl’équipe pédagogique.Contrat de vacations du 1er octobre 2012 au 31mai 20133 à 6 heures hebdomadaires.Date limite de dépôt des candidatures le : lundi 11 juin 2012Détail de l’offre et marche à suivre sur :www.ensad.fr – rubrique « recrutement »

Contacts :Emmanuel Fessy, Directeur des Études,pour les renseignements pédagogiques,Tél. : 01 42 34 97 66.Yann Brachet, service des ressources humaines,pour les renseignements administratifs,Tél. : 01 42 34 97 56

>Collectivitésterritoriales L’Association Trans Europe TGV Rhin-

Rhône Méditerranée a pour objectifs laréalisation d’une liaison à grande vitesseentre l’Allemagne et la Méditerranée enjoignant la plaine du Rhin et le sillonrhodanien et donc Strasbourg à Lyonpar la Franche-Comté et laBourgogne, ainsi que l’améliora-tion des liaisons de la Franche-Comté, du sud de l’Alsaceet de la Suisse avec larégion parisienne.Elle recrute son

Sous l’autorité de la pré-sidente, vous êtes chargé

de proposer des orientations etdes actions pour le positionnement

et les interventions de l’association,d’assurer des échanges entre les

membres et avec les partenaires et institu-tions en charge des projets ferroviaires. Vous

intervenez dans la promotion de l’association(dans l’objectif de mieux la faire connaître) et des

travaux, la recherche de nouveaux membres maisaussi la mise en œuvre de la stratégie de l’association.

Vous gérez le fonctionnement de l’association sur le planadministratif (préparation des assemblées générales, pilo-

tage et suivi des travaux de réflexions stratégiques,organisationd’événements, gestion du personnel…).

Titulaire d’une formation BAC+5, vous justifiez d’une expérience dansle domaine de montage de grands projets ainsi que de connaissances

des collectivités, de l’État français, des États limitrophes, des institutionseuropéennes mais aussi du domaine ferroviaire, des infrastructures detransport ou de l’économie des transports. Force de propositions, vous êtesapte à la gestion et aumontage de projets ainsi qu’à travailler avec des élus,des techniciens et des prestataires. À l’aise dans les relations publiques,vous possédez le sens de l’organisation, de l’innovation, de la planification,de la concertation et de l’anticipation stratégique, alliés à une forte capacitéd’autonomie. Bilingue en français et en anglais, vous maîtrisez l’allemand etavez quelques notions d’espagnol.

Statut : CDI ou détachement.Poste basé à Belfort à pourvoir été 2012.Disponibilité, nombreux déplacements à prévoir en Europe.

Sous l’autorité de la pré-sidente, vous êtes chargé

de proposer des orientations etdes actions pour le positionnement

et les interventions de l’association,d’assurer des échanges entre les

membres et avec les partenaires et institu-tions en charge des projets ferroviaires. Vous

intervenez dans la promotion de l’association(dans l’objectif de mieux la faire connaître) et des

travaux, la recherche de nouveaux membres maisaussi la mise en œuvre de la stratégie de l’association.

Vous gérez le fonctionnement de l’association sur le planadministratif (préparation des assemblées générales, pilo-

tage et suivi des travaux de réflexions stratégiques,organisationd’événements, gestion du personnel…).

Titulaire d’une formation BAC+5, vous justifiez d’une expérience dansle domaine de montage de grands projets ainsi que de connaissances

des collectivités, de l’État français, des États limitrophes, des institutionseuropéennes mais aussi du domaine ferroviaire, des infrastructures detransport ou de l’économie des transports. Force de propositions, vous êtesapte à la gestion et aumontage de projets ainsi qu’à travailler avec des élus,des techniciens et des prestataires. À l’aise dans les relations publiques,vous possédez le sens de l’organisation, de l’innovation, de la planification,de la concertation et de l’anticipation stratégique, alliés à une forte capacitéd’autonomie. Bilingue en français et en anglais, vous maîtrisez l’allemand etavez quelques notions d’espagnol.

Statut : CDI ou détachement.Poste basé à Belfort à pourvoir été 2012.Disponibilité, nombreux déplacements à prévoir en Europe.

SecrétaireGé

néra

l h/f

Lettre de motivation et CV à envoyer à Madamela Présidente de l’Association Trans Europe TGV

Rhin-Rhône Méditerranée :15 rue de la grande fontaine, BP 40127,

90003 Belfort cedex oupar mel : [email protected],

avant le 6 juin 2012

Au cœur d’un territoire unique,la Communauté d’Agglomération« Grenoble - Alpes Métropole »,est située au centre d’une aireurbaine de plus d’undemi-million d’habitants.

La « Métro » associe28 communes autourd’un seul et même objectif :améliorer la vie quotidiennede ses 400 000 habitants.

Le développementéconomique, l’organisation desdéplacements, la protectionde l’environnement, le cadrede vie, l’habitat et la solidaritéurbaine constituent l’essentielde ses missions.

Dans le cadre de sondéveloppement, elle recherche :

www.algoe-executive.fr

DG Délégué(e) auxServices Techniques

et à la Qualité UrbaineCe poste est rattaché au D.G.S. et en lien étroit avec la Présidence et les Elus.

Il a la responsabilité de trois Directions et deux Services clés pour l’agglomération (500 personnes) :

• La Direction des investissements et du patrimoine.• La Direction de la collecte et du traitement des déchets.• La Direction de l’assainissement.• Le Service des grands équipements sportifs.• L’Unité de gestion et de commande publique.

Ingénieur en Chef, vous justifiez d’une expérience réussie à un poste similaire, ou au sein d’uneDirection Technique opérationnelle (eaux, assainissement, déchets…) dans une grande agglomération.

Doté(e) de solides compétences managériales, sur des tailles d’équipes très significatives, vousêtes fédérateur et avez des aptitudes à la concertation et à la négociation avec tous les acteurs.

Merci d’adresser votre candidature sous référence 4042 M, à notre Conseil ALGOE Executive,Carole de Chilly, par e-mail : [email protected], ou ALGOE Executive, 9 bis route de Champagne,69130 ECULLY.

LA RÉGIONLORRAINErecrute,pour son pôlesécurisation des parcours de vie

DIRECTEUR DU SECTEURFORMATION TOUT AU LONG DELA VIE Catégorie A

La Région Lorraine se positionne aujourd’hui comme l’acteurvolontaire et innovant en matière de Formation Professionnelle surle territoire. Elle appuie sa dynamique sur la mise en œuvre del’actuel Contrat de Plan Régional de Développement desFormations et sur la préparation du suivant.

Dans ce cadre, le Directeur du Secteur Formation tout au long dela Vie, en lien fonctionnel avec le Chef de Projet CPRDF ets’appuyant sur 20 agents, pilote la mise en œuvre de la politiquede Formation Professionnelle en organisant et en animant lesdispositifs en termes d’accueil, d’orientation et d’insertion avec lesacteurs institutionnels (collectivités via les Missions Locales,services de l’Etat comme le pôle Emploi, organismes consulaires...),les partenaires sociaux régionaux (syndicats, organisationsprofessionnelles sectorielles, financeurs de la Formation continue,organismes collecteurs…) et les acteurs privés régionaux.

En lien étroit avec le Directeur de Pôle, il structure son action pourrépondre aux besoins exprimés par les filières soutenues par laRégion.

Porteur des politiques de Formation, d’éducation, d’emploi etd’insertion professionnelle de la Région, il renforce l’action de laRégion et de ses partenaires au profit des publics cibles que sontles demandeurs d’emplois, les professionnels en VAE et les jeunesstagiaires.

Directeur ou Administrateur territorial (h/f), proactif et doté d’unevision transversale, vous bénéficiez d’une solide expérience demanagement de projets acquise idéalement en formationprofessionnelle, et d’une capacité à fédérer votre équipe, les acteursinternes et externes du Conseil Régional.

Adresser lettre de motivation manuscrite + CV détaillé et dernierarrêté de situation administrative à Monsieur le Président du ConseilRégional de Lorraine, Direction des Ressources Humaines, PlaceGabriel Hocquard, BP 81004, 57036 Metz Cedex 1 ou par mail :[email protected]

www.lorraine.eu

La Direction de l’Information Légale et Administrative (DILA) est une direction d’administration centraledes services du Premier ministre. Issue de la fusion de la direction de la Documentation française et dela direction des Journaux officiels, elle est placée sous l’autorité du Secrétariat général du Gouvernement.La DILA exerce les missions de diffusion légale, d’édition publique et d’information administrative. Elleaccompagne les administrations, les organismes publics, les entreprises et les citoyens dans l’ensemblede leurs besoins et démarches. La DILA emploie prés de 1000 collaborateurs et réalise un chiffre d’affairede 208 millions d’euros par an.

Dans le cadre de sa réorganisation, la DILA recrute

Un Responsable de la Mission InformationRégalienne, Administrative et Économique h/f

Rattachée à la “Sous-direction des publics et des produits”qui assure la diffusion du droit et la transparence économiqueet financière, la MIRAE regroupe l’information régalienne etéconomique, l’information administrative multi-canal, lesproduits et services numériques ainsi que le centre d’appelsinterministériel. En relation avec la délégation à l’innovationet les autres missions de la Sous direction, le responsablede la MIRAE participe à la définition de la stratégie dela mission, au développement de produits et de services etveille à la mise en œuvre les actions définies ainsi qu’àl’adéquation des moyens et des objectifs.

Il assure les missions suivantes : • Diffuser les informationslégales, économiques et administratives sous tous formatspar tous canaux papier, web, téléphone • Réussir le regrou-pement de plusieurs départements en une mission unique,cohérente, opérationnelle et structurée dynamiquement• Développer de nouveaux produits et services et adapterles nouveaux départements aux évolutions technologiques• Piloter la nouvelle mission en optimisant les procédures,

en maîtrisant les coûts et en développant les synergies avecles autres missions et départements internes ainsi qu’avecles donneurs d’ordre • Etre force de proposition et menerdes études de prospective • Encadrer et manager uneéquipe de plus de 250 personnes.

De formation supérieure (Bac+4/5), vous avez acquis desolides compétences et expériences opérationnellesen publication. Vous bénéficiez d’une culture administrativeet/ou juridique forte, avec de préférence une connaissancedes rouages institutionnels de l’Etat. Vous avez une appé-tence particulière pour les nouvelles technologies de l’infor-mation et de la communication et avez mené des projetsimportants d’édition multi-support. Manageur de projetset d’équipes, vous justifiez d’une expérience significative etconfirmée à un poste de direction.

Recrutement par voie statutaire des cadres A et A+ dela Fonction Publique ou, à défaut, sous contrat. Poste baséà Paris 15e. Rémunération selon profil.

Candidature à adresser à notre conseil sous référence 5180/JMPar courriel sur le site : www.lightconsultants.fr

C O N S U L T A N T S

RESPONSABLEDE PROGRAMME ÉCONOMIE

CIRCULAIREADEME – Paris

Rattaché au Directeur des Investissements d’Avenir, ce responsable d’unprogramme financé à hauteur de 210 M€ est chargé de manager les troisappels à manifestation d’intérêt déjà lancés dans les domaines suivants :collecte, tri, recyclage et valorisation des déchets ; dépollution des solset sédiments ; biens et services éco-conçus et écologie industrielle. Ilcoordonne l’instruction des projets en mobilisant les expertises interneset externes, fixe les modalités contractuelles et financières d’attributiondes aides et rédige les retours financiers pour l’État, assure la cohérencedes interventions au regard de la nature des projets et des entreprisesconcernés, et organise le fonctionnement des différentes instances degouvernance du programme.

Ce poste intéresse un professionnel (h/f) de formation supérieure bac +5 detype école d’ingénieurs ou de commerce, bénéficiant d’une expérienceprofessionnelle de 8 à 10 ans minimum. Une expérience opérationnelleou de financement de projets liés au développement durable et del’innovation est souhaitée, plus particulièrement dans les domainesde la gestion des déchets, de la dépollution et l’écologie industrielle.Compétent en matière financière, il aura une bonne capacité d’analysestratégique et économique, un savoir-faire d’argumentation et denégociation, une grande autonomie et un relationnel solide.

Merci d’adresser votre candidature sous la référence 15.136 sur notresite www.quadra-consultants.com rubrique espace candidat ou parvoie postale à QUADRA, Jean-Marie Leroy, 25 rue Louis le Grand,75 002 PARIS.

Pour anticiper les mutations de l’économie etfavoriser l’innovation, la France a lancé en 2010le Grand Emprunt : les Investissements d’Avenir(cf. http://investissement-avenir.gouvernement.fr/) ont ainsi identifié cinq priorités nationales,leviers de croissance et d’emplois. Placée aucœur du dispositif opérationnel avec un budgetspécifique de 2,6 milliards d’€, l’ADEME y gère

plusieurs programmes et actions (cf. http//www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=1&cid=96&m=3&catid=24707), au service destechnologies et des filières vertes de demain. Pour ce faire,l’Ademe a créé en 2010, une direction dédiée, laDirection des Investissements d’Avenir, etrecherche aujourd’hui son :

Retrouvez notre opération spéciale

f COLLECTIVITÉS TERRITORIALESle mardi 29 mai*

dans

Retrouvez toutes nos offres sur www.lemonde.fr

*daté mercredi 30 mai.

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ucation

Page 15: 3D%= :G0: *@ !)%)@D $)@I) J+HIH!%CA) Mintzberg contre l... · .fPb]

« Nous intervenons en général dans un cadre d’urgence et degrande réactivité. Principalement dans 3métiers -comptabilité-finance ; juridique et fiscal et supply chain- et cela dans 55 %des cas pour des postes de cadres. Nos recrutements se fontselon des critères identiques à ceux des postes en CDI. L’universde l’intérim cadre appelle quelques remarques : il fait face à uneconjoncture particulière : nous avons des postes à pourvoir, il ya des candidats mais les délais de concrétisation se sontallongés à cause de la multiplication des tests et des entretiens.Dans les fonctions généralistes nous sommes en effet de plusen plus vigilants sur la personnalité des candidats et lesattentes des entreprises. La variable RH intervient plusfortement dans le processus de recrutement. Nous sommesdans un contexte où la personnalité prend le pas sur latechnique dans la sélection des candidats pour des postes quine relèvent pas d’un cahier des charges très précis. De façongénéral, nous constatons qu’il y a des grilles très fermées pourles rémunérations des profils standards mais qu’en revanchenotamment dans les PME la latitude est plus importante quandla mission ou l’expertise est pointue. »

Thomas Sutterlin

Directeur associéWilliam Sinclair

« Nous sommes actifs dans le recrutement d’experts et detechniciens dans le segment du middle management c’est-à-dire dont les rémunérations annuelles varient de 25 à 50 K€.Les 170 consultants de nos 36 bureaux partagent leursactivités entre le recrutement permanent et l’intérim tant enIle-de-France qu’en province. Après une année 2011 de trèsbonne facture, je constate depuis quelques semaines unralentissement des mouvements. Pour les profils dont lesrémunérations sont supérieures à 50 K€ une certaine frilositédomine. Il est plus difficile de placer les intérimaires en raisond’une baisse de la demande. Cela posé, le marché reste toniquedans de très nombreux secteurs comme l’automobile,l’informatique ou les assistantes de direction qui est le créneauqui offre le plus d’opportunités actuellement. En revanche, laconjoncture est moins porteuse pour les fonctions supports.Les trous dans les organigrammes créés en 2008, lors de la crise,semblent aujourd’hui colmatés. Pour les cadres confirmés,l’option répond de plus en plus à un choix de vie en fonction dela liberté familiale et financière. C’est dans cette optique queles entreprises d’intérim cadres ont un rôle dans la préparationà l’embauche pour des missions intérimaires. A la mesure del’augmentation de la sélectivité du processus de recrutement. »

Matthias Bauland

Directeur général desopérationsExperts

« Nous considérons qu’il y a deux façons d’aborder le marchéde l’intérim. Par la voie de l’intérim cadres confirmés et dumanagement de transition et par celle de l’intérim des cadresplus jeunes qui sont intégrés dans des lignes de métiers. On nedéveloppe pas les mêmes méthodologies pour ces deuxcatégories de salariés mais en revanche se sont toujours lesmêmes personnes qui traitent l’ensemble de ces dossiers. Eneffet, l’intérim accroît la compétitivité de l’entreprise et mêmepour des missions de six mois, les RH ont recours à desprocédures et des grilles d’évaluation identiques à celles desrecrutements en CDI. Pour une raison très simple : ces postesd’intérim cadres débouchent souvent sur un autre poste dansl’entreprise et parfois sur une proposition de CDI. C’est ainsique nous mettons parfois plus de temps à recruter un bonélément que la durée initiale de la mission. D’une façongénérale, je considère aujourd’hui que l’intérim cadres n’estplus un dossier tabou. C’est un marchepied pour les jeunesdiplômés qui peuvent prouver leur valeur et signaler leurdynamisme. C’est aussi un pied à l’étrier pour ceux qui ont étééloignés de l’entreprise. Enfin, c’est pour tous la possibilité depoursuivre l’accumulation d’expériences et de compétencestechniques qui valorisent leur CV. »

Mathilde Claus

Directrice régionaleHays

« Notre direction industrie et ingénieurs est particulièrementconcentrée sur les cadres confirmés dont les profils sont trèsciblés et les rémunérations supérieures à 70 K€. Ce sont desproblématiques très éloignées des grands volumes derecrutement. Elles s’apparentent plus à du sur-mesure car lesmissions de conduites de changement, transferts de production,créations de nouvelles lignes ou fermetures de sites comme leremplacement d’ingénieurs en congé longue durée imposent depourvoir ces postes avec des personnels dont le niveau dequalification les rend immédiatement opérationnels. Dans cesmissions, les nouveaux entrants ont peu de temps pour semettre en ordre de marche. Je constate qu’en France à l’inversedes pays anglo-saxons, les cadres supérieurs sont encore assezréticents à plonger dans le bain. Sauf chez les seniors qui dès45 ans, sont de plus en plus nombreux à souhaiter expérimenterl’intérim ou la mission. Trois remarques : le marché industrielexige des profils très spécifiques où les généralistes sont peuappelés. Le niveau d’exigence professionnelle de la part desentreprises ne cesse de monter. Enfin, le volet financier n’estjamais le problème dans ce type de mission : les entreprisessavent ce qu’il en coûte d’avoir des sites de production ou desbureaux d’études qui ne fonctionnent pas à plein rendement.»

Nicolas Leroy

DirecteurMichael Page

PAROLES D’EXPERTS

Intérim cadres: La bonne porte pour un CDIPendant longtemps en France, l’élitisme ou le conformisme statutaire ont marginalisé l’intérim des cadres.A l’inverse des pays anglo-saxons où ce modede travail a toute sa place sur le marché de l’emploi. Mais la situation change : en 10 ans, le nombre de cadres intérimaires a été multiplié par trois. Lavolatilité de la conjoncture dans les entreprises comme celle des jeunes diplômés a fait évoluer les analyses. Le travail temporaire ne se limite plus à lamain d’œuvre peu qualifiée. Elle a désormais ses lettres de créances dans le management et même chez les dirigeants.

Selon les plus sérieuses enquêtes, lescadres en intérim représentaient en2010, 1,7 % de l’ensemble des salariés

en situation d’intérimaire. Si le chiffre paraîtrelativement modeste, il cache en réalitéune forte évolutionde ce typed’engagement.En dix ans, le nombre de cadres travaillantsous ce régime a été multiplié par trois.Evidemment, la conjoncture fluctuante deces dernières années comme la foudroyantemutation des organisations professionnellesdans les entreprises y est pour beaucoup. Lesgrands groupes comme les PME jouentparfois même à l’excès la carte de laprudence. Mais c’est aussi, nous disent nosexperts, le signal d’une petite révolutionculturelle dans le monde du travail.

« L’image a beaucoup changé. Les intéri-maires sont désormais accueillis commedes collaborateurs à part entière del’entreprise, comme un salarié ordinaire.C’est très différent d’il y a 10 ou 15 ans.Par ailleurs, la typologie des personnelsqui sont recrutés a elle aussi beaucoupévolué : la part des cadres est en forteaugmentation » explique Thomas Sutterlin,directeur associé du cabinetWilliam Sinclair.De fait, nos experts s’accordent surl’approche plus technique et rationnelle desrecrutements des cadres en situationd’intérim. Le recours à ce type de contratreste bien évidemment très lié à l’évolutiondes carnets de commandes des entrepriseset les pics d’activités ponctuelles sonttoujours le facteur déclencheur principal ducontrat. Mais on note le développement deplus en plus marqué du recours à des cadres

pour des missions ponctuelles exigeant uneexpertise pointue ou qui sont en pénuriepermanente sur le marché. Ce dernier casconcerne particulièrement les métierstechniques et scientifiques. « Dans les

situations de remplacement d’ingénieurs,de chef de service ou même de directeurd’établissement, il nous faut recruter desprofils surqualifiés qui savent très vite

comment mettre en œuvre les dossiersen cours. Ce sont des cadres à qui nousdonnons peu de temps pour s’adapter etqui n’ont souvent pas vocation à resterdans l’entreprise » note Nicolas Leroy,directeur chez Michael Page. L’examen dumarché conduit à constater que ces profils decadres supérieurs sont encore un peuréticents à sauter le pas de l’intérim. Saufchez les seniors, à partir de 45 ans, quiaffichent une volonté plus marquée dechanger d’horizon dès lors qu’ils sont libérésdes obligations familiales. La mobilité est unatout précieux pour cette population et uneattente très forte des employeurs. « Sansnégliger un élément très important : cescadres très opérationnels et en pleinemaîtrise de leurs métiers sont très bienpayés. La plupart du temps au dessus desbarèmes du poste en CDI. C’est souventle cas dans le secteur de la finance surdes pro jets spéc i f iques commel’implémentation de nouveaux systèmesinformatiques » complète Mathilde Claus,directrice régionale de Hays.

Il s’agit, dans ces cas, de recrutement decadres confirmés dont le niveau de rémuné-ration du poste est toujours supérieur à70 K€. Pour ce type de cadre, intérim etmission se confondent. Pour l’entreprise, larémunération n’est pas un obstacle. Il esttoujours beaucoup plus couteux de retarderun projet ou d’avoir une ligne de productionen rade que de s’offrir un intérimaire detalent immédiatement opérationnel. Cesproblématiques ne font évidemment pas lesgrands volumes d’embauches parmi les35 000 cadres qui ont fait de l’intérim en2011. L’essentiel des recrutements de cadresintérimaires concerne des généralistes quiont le profil d’un salarié traditionnel et plusparticulièrement les jeunes diplôméspuisque 54 % des cadres intérimaires ontmoins de 30 ans. Il s’agit doncmajoritairement

d’une population jeune à qui les spécialistesde l’intérim proposent des contrats demissions de durées variables et dont lesmodèles financiers et administratifs sontcalqués sur ceux de l’entreprise dans laquellel’intérim a lieu. « C’est particulièrement lecas pour les techniciens spécialisés debac +2 à bac +4, créneau qui est actuelle-ment le plus développé. Il permet auxjeunes diplômés qui débutent en intérimde faire leurs premiers pas et leurspreuves. C’est une population quiintéresse les entreprises car elle leurpermet de constituer un vivier potentielde futurs cadres » commente MatthiasBauland, directeur général des opérationschez Experts.

Pour ces postes qui s’échelonnent entre25 et 30 K€, l’intérim est une passerellesouvent bien adaptée. Mais attention auxraccourcis rapides préviennent nos experts :le recrutement en intérim pour ces fonctionsse fait désormais dans des schémas qui sontceux du recrutement en CDI. C’estparticulièrement vrai pour le volet middlemanagement. Concrètement, les candidatsfont l’objet d’un processus de recrutementidentique à celui qui prévaut pour les CDI.Avec un accent très marqué sur lapersonnalité des candidats.

« Si pour les missions avec des cahiersdes charges pointus le volet techniqueest très important, pour les cadresgénéralistes la personnalité tient uneplace essentielle. C’est pour cela que nosconsultants traitent les offres d’emploipermanent et l’intérim de la même façonavec les mêmes procédures » souligneSandrine Martot, directrice marketing deKelly Services.

L. PM

Faits marquants

• En avril 2012, l’IndexMonster de l’emploi des « cadres » a enregistréune croissance, en glissement annuel, légèrement négative (-1 %), enbaisse par rapport à celle du mois de mars (4 %).• C’est la première fois depuis 28 mois que les offres d’emploi des« cadres » affichent un rythme annuel en baisse.Malgré ce ralentissement, la croissance des offres d’emploi des« cadres et dirigeants » en avril 2012 reste supérieure à celle del’Index général (-5 % en glissement annuel).• En raison de tensions structurelles sur le marché du travail d’uncertain nombre de métiers à haut niveau de qualification, les« cadres », avec un taux de chômage bas (4 % environ selon l’INSEE),sont moins affectés par la crise que les autres catégories. Depuis lemois d’octobre 2011, qui est le point d’inflexion dans le retournementdu marché du travail selon les statistiques fournies par Monster, lesoffres d’emploi des « cadres » ont crû, en moyenne en glissementannuel, de 9 % alors que celles de l’ensemble de l’Index général de-1 % au cours des sept derniers mois.• Les offres d’emplois de « cadres » représentent 9,2 % des offresd’emploi de l’Index Monster de l’emploi en avril 2012.• Malgré une dégradation de la dynamique des offres d’emploi des« cadres » depuis le mois d’octobre 2011, l’année 2011 reste une

année record pour la croissance des offres d’emploi de cettecatégorie de salariés (25 % en glissement annuel enmoyenne contre15 % pour l’Index général), supérieure même à l’année 2007 (24 %),année d’avant crise pourtant particulièrement dynamique enmatièrede créations d’emploi.• Grâce à une reprise marquée du marché du travail des « cadres »entre mai 2010 et septembre 2011, les offres d’emploi de cettecatégorie se situent, en avril 2012, 34 % au-dessus de leur niveau d’ily a deux ans (contre 20 % pour l’Index général). En revanche, lesoffres d’emploi des « cadres » se situent désormais 7 % en-dessousde leur pic historique de juin 2011.

Les secteurs

• A l’exception du secteur du « management et conseil » quireprésente une part importante des offres d’emploi de « cadres »,plusieurs secteurs affichent une forte croissance de leurs offresd’emploi de « cadres » en avril 2012 (comprise entre 20 % et 50 %en glissement annuel). Dans l’ordre de dynamisme des offres derecrutement, il y a les secteurs de l’ «IT », de la « production,manufacture, maintenance et réparation », de la « R&D », del’« ingénierie », de la « banque, finance et assurance » et du« commerce ». Ces 6 secteurs (sur les 21 répertoriés par Monster)représentent 39 % des offres d’emploi de « cadres et dirigeants » enavril 2012.

Les régions

• En avril 2012, 33 % des offres d’emploi de « cadres et dirigeants »se situent en IDF ; suivent ensuite les régions Ouest (15 %), Nord etRhône-Alpes (13 % chacune).• A l’exception de la région « IDF » (-30 % en glissement annuel pourles offres d’emploi de « cadres »), toutes les régions françaisesaffichent une croissance positive, en glissement annuel, des offres derecrutement de « cadres ».• Avec une croissance, en glissement annuel, respectivement de20 % et de 15 %, les régions « Est » et « Rhône-Alpes » sont les plusdynamiques de France pour les offres d’emploi de « cadres » enavril 2012.

L’Index Monster de l’Emploi « cadres » du mois d’avril 2012

04/11

05/11

06/11

07/11

08/11

09/11

10/11

11/11

12/11

01/12

02/12

03/12

04/12

190

180

170

160

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40%

30%

20%

10%

0%

-10%

Légendes :■ IME Vs. 2012

en partenariat avec Mardi 29 mai : Collectivités territoriales

DOSSIER RÉALISÉ PAR M PUBLICITÉ

Les problématiques sontdifférentes entre les cadres

et les techniciensNicolas Leroy

Nous sommes dans uneapproche de recrutementoù la personnalité doits’adapter à la sociétéThomas Sutterlin

L’intérim accroît lacompétitivité de

l’entreprise et les exigencesne cessent de monterMathilde Claus

Il est difficile de trouverde bons candidats sur les

créneaux porteursSandrineMartot

Pour les jeunes diplômésc’est une bonne passerelle

vers le CDIMatthias Bauland

« Nous ne faisons pas de différences dans les procédures desélection et de traitement des candidats qui postulent pour unposte en CDI et une mission en intérim. Dans les quatre grandesdivisions - santé, finance, informatique et scientifique -je constate que nous avons des difficultés à trouver de bonscandidats. Les postes sont là mais les profils pas toujoursadaptés.C’est particulièrement délicat sur les créneaux porteurscomme la banque, l’assurance ou l’informatique. L’exemple del’assurance est significatif : ce secteur recrute beaucoup mais lescadres disponibles sont assez rares et les spécialistes plusencore. De la même façon, il y a une pénurie de bac + 2notamment les BTS et IUT. Il faut pourtant savoir qu’unemissiontemporaire réussie quand elle ne débouche pas sur un emploipermanent, renforce l’employabilité et l’adaptabilité des cadres.Il y a en effet une obligation de formation. De façon plusgénérale, dans le contexte économique qui est le nôtre depuisquelques années, l’intérimme paraît parfaitement adapté à ceuxqui intègrent le marché du travail. Je pense particulièrement auxjeunes diplômés pour qui les premiers pas en CDI sont souventcompliqués et qui trouvent par cette voie un moyen actif demettre un pied dans le monde du travail. »

Directrice marketingKelly Services

Sandrine Martot

Page 16: 3D%= :G0: *@ !)%)@D $)@I) J+HIH!%CA) Mintzberg contre l... · .fPb]

16 0123Mardi 22mai 2012

Jacques-Marie Vaslin

Maître de conférences à l’IAE d’Amiens

Apeine investi, FrançoisHollande souhaite relan-cer l’innovationen défen-dant un «budget euro-péen au service desgrands projets d’avenir».

Ladouzièmepropositionde sonprogram-meestuneréférenceàpeinevoiléeàlapoli-tique industrielle menée lors des «trenteglorieuses». C’était l’époque bénie oùl’Etat investissait tous azimuts dans desprojets d’envergure dont l’un des symbo-les forts est le Concorde. Un peumoins decinquante ans après son lancement, il res-te un avion mythique, emblème de larenaissance de l’industrie aéronautiqueeuropéenneavec la Caravelle et l’Airbus.

Au sortir de la seconde guerremondia-le, l’Europe est à la traîne par rapport auxEtats-Unis. Le centre de gravité dumondes’est déplacé. Le Vieux Continent est prisen étau entre deux puissances, les Etats-Unis et l’URSS, qui se livrent une batailletechnologique sans commune mesure :course au nucléaire, à l’espace, etc. Il s’en-suit enEuropeundéclassementtechnolo-gique qui semble inéluctable. En Francepar exemple, seuls 41% des brevets utili-sés en 1956 sont le fait d’entreprises fran-çaises.Sixansplus tard, cettepart tombeà34%. Pour redresser la situation, l’Etat sesubstitueauxentreprisesprivées.L’objec-tif est de tirer le progrès technique aumoyendes financespubliques. Lemarchén’existe pas encore? Qu’à cela ne tienne,l’Etat finance la recherche et effectue lespremières commandes. Le secteur publicamorceainsi lemarché,enespérantquelesecteurprivéprendra la relève.

Le secteur aéronautique est l’illustra-tiondecettepolitiquederelanceparl’inno-vation. Ce sont tout d’abord les comman-desmilitairesquiontdéveloppécesecteurlorsde la premièreguerremondiale. Par lasuite, les nouveautés ont systématique-ment été intégrées dans l’aviation civile.L’outil de production est aussi partagé, cequipermetderéduirefortementlafacture.Dans les années 1950, le secteurdes avionslong-courriers est monopolisé par lesentreprisesaméricaines(Boeing,Lockheedet Douglas). Les recherches sur des avionscommerciauxcapablesdedépasser lemurdusonvontbontrainpartoutdanslemon-de. Guerre froide oblige, les Etats-Unis etl’URSSse lancentdanslacourseàlavitesse.La France et la Grande-Bretagne financentdeleurcôtédesprototypesdansl’espoirdeconserver intactes les compétences desbureauxd’études.L’indépendancetechno-logique et le maintien du savoir-faire pri-ment alors sur la rentabilité commerciale.Mais lemarché européen est trop étroit etles coûts s’envolent, la coopérations’avèreindispensable.C’estainsique, le29novem-bre1962,unaccordestsignéentrelaFranceet la Grande-Bretagne, portant sur laconstruction en commun d’un avionsupersonique. L’accord répartit équitable-

ment le travail, le financement, ainsi queles commandesentre lesdeuxpays.

Un premier accroc intervient en octo-bre 1964 quand le gouvernement tra-vailliste, nouvellement élu, menace demettrefinauprojet.LegouvernementWil-son estime cette opération «trop incertai-ne et ruineuse pour l’économie du pays».Sous la pression de la France et des syndi-cats, il reviendra sur sa décision le 7 jan-vier 1965. On estime en effet que200000 personnes travaillent de part etd’autre de laManche autour de cet avion.Mais dès l’origine, les coûts s’avèrent êtresous-évalués. Décrié, le projet a du plombdans l’aile,mais le pointdenon-retourestatteint. On ira jusqu’au bout, coûte quecoûte. C’est que la course à la vitesse estbien engagée. Le Tupolev 144 fait ses pre-miers essais en vol le 31décembre 1968,précédant de deux mois le Concorde, le2mars 1969 à Toulouse. Bons gestionnai-res, les Etats-Unis décidentde se retirer dela course deux ans plus tard. Le 21 janvier1976, le premier vol commercial duConcorde relie Paris à Rio de Janeiro, viaDakar, sur Air France. Lemême jour, celui

deBritishAirwaysrelieLondresàBahreïn.A ce moment, on estime que 34milliardsde francs ont déjà été engloutis par lesdeuxpays.

MalchanceSi l’avion semble techniquementviable,

sonsuccèscommercialestloind’êtregaran-ti. Les clients restent pragmatiques, le rap-portqualité-prixprédominesurlemarché.Or le Concorde joue demalchance: conçuquand le prix du pétrole était bas, l’avionest lancé en pleine crise pétrolière. Il fautdire qu’il consommequatre fois plus d’es-sence par passager qu’un avion subsoni-que. Toutes les compagnies étrangèresannulentleurscommandes.C’estunfiascocommercial, seuls Air France et BritishAirways exploitentune flotte de 15 avions.Pourne rien arranger, les coûts d’exploita-tion sont considérables. Environ 10mil-lionsdedollars sontdépensés tous les cinqanspourréviserunConcorde.

Quant aux lignes aériennes, leur nom-breestrelativementrestreint.Ellesdépen-dent de paramètres que la France et laGrande-Bretagne ne contrôlent pas. Les

Etats-Unis, suivis par d’autres pays, inter-disentdevoleràunevitessesupersoniqueau-dessusd’une terre habitée, ce qui limi-te sérieusement les lignesaméricaines.Enoutre, le bruit engendré provoque unelevée de boucliers de la part des riverainsdes aéroports.

Le Concorde apparaît pour beaucoupcomme un avion d’ingénieur, un bijoutechnologique, mais une aberration éco-nomique. L’Etat rembourse à Air France,touslesans jusqu’au31décembre1986, lespertes générées par le Concorde. Ainsi, lecontribuable français subventionne cequ’Antoine Pinay (1891-1994) surnom-mait un «avion pourmilliardaires améri-cains». L’accident du 25 juillet 2000 àGonesse(Val-d’Oise),qui fit 113morts,pré-cipite la findes vols supersoniques.

Avec l’Airbus, les erreurs ne sont pasreproduites.Onest passéd’une logiquedecommandepubliqueàunelogiquedemar-ché. L’avion doit avant tout répondre auxbesoins des compagnies. Lamaîtrise tech-nologique ne doit surtout pas négliger lescontraintesdumarché,c’estuneleçonqueleprésidentHollandedoit retenir.p

Concorde,unepolitiqueindustriellehorsmarchéLaréférenceauxgrandsprogrammesindustriels lancésdanslesannées1960et1970nedoitpasenjoliverlepassé.Lacoopération

franco-britanniquesurl’avionsupersoniquerelevaitd’unestratégied’indépendancetechnologiqueàn’importequelprix

Archivesdu«Monde»|21décembre1971

ÉCO&ENTREPRISE H I S T O I R E

1957Premières étudessur le supersoniqueenFrance et enGrandeBretagne.29novembre 1962Legénéral deGaulle etle premierministre bri-tanniqueHaroldMac-millan signent le proto-cole d’accordpourconstruire l’avion.13janvier 1963L’avionest baptisé«Concorde», enréférenceàundiscoursdeDeGaulle.2mars 1969Concorde001, pilotéparAndré Turcat,décollede Toulouse-Blagnacpourunpre-miervol de 42minutes.25mai 1971Premiervol intercontinentalToulouse-Dakar, retourauBourget.Octobre1973Pre-mier chocpétrolier.21janvier 1976Premiervol commer-cial entre Paris et RiodeJaneiro (Air France) etLondres et Bahreïn (Bri-tishAirways).22novembre1977Première liaisonParis-NewYork.1979Finde la fabrica-tiondes Concorde. Surles 20 construits, 16 ontété commercialisés.25juillet 2000CrashduConcorded’Air Fran-ce surunhôtel deGonesse (Val-d’Oise):113morts.31mai2003Derniervol commercial deConcorde surAir Fran-ce, suivi par BritishAirways le 24octobre.8mars2012Débutduprocèsenappel àVer-saillesducrashde2000.

Dès 1971, le doute quant à l’avenircommercial duConcorde est déjàprésent…Quatre ans plus tôt, en1967, Pat Burgess, responsabledesventes de Concordepour la BritishAircraft Corporation, estimaitencoreque «mêmeen se fondantsuruneprévisionpessimiste, aumoins 225 appareils [pourraient]être vendusd’ici à 1975» et rap-porter 9,8milliards de francs.

«lepari commercialestloind’êtregagné»

YLes deuxgouverne-ments ont autorisé, le

7décembre, à Paris, leurs indus-triels à ouvrir des négociationscommerciales avec les compa-gnies aériennes clientes. Enprin-cipe, disent les constructeurs,c’est avant l’été de l’annéepro-chainequedevraient être annon-cées les premières ventes fermes.Lesministres responsablesduprogrammeont puprendre cette

initiativeparce que leurs servicesavaient reçudes industriels suffi-sammentd’informationspourleurpermettredemieuxdéfinirles bases des discussions avec lescompagnies aériennes. Enparti-culier, les constructeurs se sontengagésà tenir desdélais de fabri-cation: huit exemplairesdeConcorde livrés dès 1974, deux etpeut-être trois appareils chaquemois les années suivantes (…).

D’oùvient alors le sentiment,très répandu, et pas seulementparmi les dirigeantsdes compa-gnies aériennes, que le pari com-mercial est loin d’être gagné?Concorde, après le récent accorddesdeuxgouvernements, est pas-sé desmainsdes techniciens à cel-les des vendeurs et ceux-ci ontpudéjà constater combien laconclusiondes contratsn’étaitpas acquise d’avance.

L’aviation commerciale dedemain sera-t-elle supersoni-que, ou bien Concorde reste-

ra-t-il le plus ambitieux des pro-grammesde l’industrie aéronau-tique franco-britannique et aus-si son échec le plus retentis-sant? (…) L’expérience a rendules compagnies prudentes. Ellesne contestent pas l’existence declients prêts à surpayer la vites-se, comme il y eut assez de passa-gers pour adopter le biréacteurCaravelle,moyennant un supplé-ment, et pour se détourner desavions à hélices sur les longs par-cours.Mais elles seméfient detelles comparaisons et leurs diri-geants ont plutôt les yeux bra-qués sur les coûts d’exploitationet un prix de vente calculé pourune série de cent cinquanteConcorde. C’est la première foisque l’apparition d’un nouvelavion entraînera des coûts sanscommunemesure avec ceux desappareils classiques qu’ilremplace.p

Jacques Isnard«LeMonde» du 21décembre 1971

Dates

Deuxdes quatreréacteurs équipant

le Concorde,à Toulouse, en 1973.JEAN DIEUZAIDE/AKG-IMAGES